Cette situation représente un rebondissement supplémentaire dans le cheminement de ce texte tant attendu par les organisations et certains élus. Le chef du gouvernement suggère de dissocier les soins palliatifs de l’assistance au décès.
Pas facile de suivre les rebondissements à ce sujet. Reprenons donc les événements de manière succincte. En 2017, Emmanuel Macron déclare vouloir avoir son mot à dire sur sa « fin de vie » et amorce cette réflexion dès son entrée en fonction. Cependant, avec le temps, le président vacille dans sa décision et finit par organiser une convention citoyenne dédiée à ce thème. Entre décembre 2022 et avril 2023, un groupe de 184 citoyens, choisis de manière aléatoire, examine la question et se prononce en faveur de l’euthanasie et du suicide assisté, moyennant certaines conditions.
Près d’un an plus tard, le président s’engage sur le sujet et annonce la préparation d’une loi avec des discussions prévues avant l’été 2024. Le processus législatif démarre avec des débats prévus à l’Assemblée nationale, mais ils sont brusquement interrompus par la dissolution. Plusieurs mois passent, et Michel Barnier promet de relancer les discussions au palais Bourbon début février 2025. Cependant, son gouvernement fait l’objet d’une censure le 4 décembre. Son successeur, François Bayrou, envisage alors de ressusciter une ancienne idée : proposer deux lois distinctes, l’une sur les soins palliatifs, l’autre sur l’aide médicale à mourir.
François Bayrou critiqué pour sa position sur la question de la fin de vie
Cette démarche de François Bayrou suscite le mécontentement des partisans du texte initial, notamment la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, qui l’a fait savoir lors d’une réunion avec des députés macronistes. De même, Olivier Falorni, membre du MoDem et expert du sujet à l’Assemblée, n’a pas été consulté par Bayrou. Falorni avait compilé toutes les discussions antérieures à la dissolution dans un texte adopté par plus de 230 parlementaires et craint que la partition en deux projets de loi ne conduise à un report sine die du volet sur la fin de vie.
Pour certains observateurs, le Premier ministre cède face aux opposants à l’évolution des lois sur la fin de vie. Chrétien pratiquant, le maire de Pau n’a jamais soutenu cette démarche, une position proche de celle du Rassemblement national et d’une fraction des Républicains. Il est incertain si des discussions ont eu lieu entre ces camps, mais un collaborateur de Marine Le Pen salue déjà ce qu’il considère comme un progrès.