Le gouvernement cherche à persuader le Parti socialiste de s’abstenir de soutenir une nouvelle motion de censure, alors que le Sénat doit procéder jeudi à un vote officiel concernant le budget.
Le Sénat doit se prononcer jeudi 23 janvier sur le budget 2025 lors d’un vote décisif. Après avoir été suspendu suite à une motion de censure, le projet de loi de finances revient maintenant devant les parlementaires et semble bien parti pour être approuvé, sauf si un événement inattendu se produisait. Toutefois, pour le gouvernement, l’enjeu principal est d’éviter une censure à l’Assemblée nationale, où la discussion du budget aura lieu dans les jours qui suivent. Pour parvenir à ses fins, l’exécutif doit persuader le Parti Socialiste de ne pas appuyer une nouvelle motion de censure. Afin d’y parvenir, Eric Lombard, ministre de l’Économie, a poursuivi ses efforts pour apaiser les tensions ce jeudi.
Le ministère des Finances a déjà rejeté la proposition d’instaurer une nouvelle taxe visant certains retraités percevant entre 2 000 et 2 500 euros nets par mois. En outre, une augmentation de la fiscalité touchant la classe moyenne a également été écartée, comme l’a assuré le ministre de l’Économie jeudi matin sur France 2. « Nous n’allons pas augmenter les impôts des familles et des ménages. Nous nous en tiendrons là », a-t-il affirmé. Cependant, Eric Lombard a mis en garde contre l’absence de solutions miracles pour combler le déficit : « Il est nécessaire de réduire les dépenses de l’État et de la Sécurité sociale, car celles-ci ont considérablement augmenté. Il faut donc trouver les ressources nécessaires pour les financer. »
Les demandes des socialistes s’intensifient
Eric Lombard chemine sur un équilibre précaire pour établir ce budget : un mouvement trop marqué vers la gauche risquerait de rompre le fragile équilibre à droite. Dans cette recherche d’une configuration budgétaire convenable, le gouvernement mise cette fois sur le soutien du Parti Socialiste. Suite à l’allocution politique de François Bayrou, les socialistes ont choisi de ne pas se joindre à la motion de censure votée par le reste de la gauche, préférant ainsi laisser la porte ouverte aux négociations.
Toutefois, actuellement, le projet ne satisfait pas les attentes des socialistes. Les sénateurs PS prévoient de s’y opposer mercredi après-midi. « La stratégie du gouvernement avantage certains, mais laisse les autres pour compte », a critiqué la sénatrice socialiste du Val-de-Marne, Laurence Rossignol, lors de son passage sur 42mag.fr jeudi. « À ce stade des discussions, ce budget sera censuré », a prévenu un responsable socialiste.
« Un espace de négociation limité »
Le Parti Socialiste entend désormais obtenir plus du gouvernement. Mercredi soir, une délégation a été reçue pour discuter avec la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin. « Nous attendons des propositions concrètes », a souligné un membre de la délégation, espérant notamment que le gouvernement revienne sur les réductions budgétaires touchant le sport, la culture et l’éducation. Eric Lombard se dit prêt à engager des discussions, mais prévient que la marge de manœuvre est restreinte. « Quoi qu’il en soit, nous avancerons dans le dialogue, mais l’espace pour négocier est extrêmement limité », a-t-il expliqué sur France 2.
Malgré cet espace de négociation restreint, le ministre de l’Économie s’efforce de montrer sa volonté de parvenir à un accord avec le Parti Socialiste. Pour lui, « le coût d’une censure » pourrait se révéler « encore plus élevé » que le prix des concessions faites aux socialistes. Laurence Rossignol a quant à elle rappelé que les socialistes avaient « jusqu’à la réunion de la commission mixte paritaire (CMP) » prévue le 30 janvier pour dialoguer avec le gouvernement.







