Au milieu d’un débat acharné sur le budget 2025, qui a déjà renversé un gouvernement, le ministre français de l’Economie, Eric Lombard, a promis qu’il n’y aurait pas de nouveaux impôts sur les particuliers. Le Sénat devrait voter le budget jeudi.
« Nous n’augmenterons pas les impôts des ménages, des retraités ou des salariés », a déclaré jeudi Lombard sur la chaîne de télévision publique France 2, rejetant l’idée avancée par la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet de faire contribuer davantage les retraités bénéficiant de pensions élevées au financement des programmes sociaux.
Une telle proposition est un poison politique dans un pays où les seniors représentent près d’un quart des électeurs et où les retraites sont un éternel sujet de débat.
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Le Rassemblement national d’extrême droite et l’extrême gauche France Insoumise ont immédiatement rejeté l’idée de taxer les retraites. Le bureau du Premier ministre a gardé ses distances, affirmant qu’il s’agissait d’une proposition « personnelle » de Panosyan-Bouvet.
Un déficit de 60 milliards d’euros
Le budget 2025 – présenté en octobre par Michel Barnier, alors Premier ministre, qui a perdu un vote de confiance après avoir fait adopter la législation sans vote à l’Assemblée nationale – doit remédier à un déficit de 60 milliards d’euros plus élevé que prévu, par le biais d’impôts et de réductions.
Le Premier ministre François Bayrou a chargé son gouvernement de proposer un budget comprenant 32 milliards d’euros d’économies et 21 milliards d’euros de recettes, afin de réduire le déficit public à 5,4 % du PIB, contre 6,1 % attendu à partir de 2024.
L’objectif à long terme est d’atteindre le déficit de 3 % imposé par Bruxelles d’ici 2029.
Lombard a confirmé qu’un impôt unique sur les sociétés des plus grandes entreprises du pays, censé rapporter 8 milliards d’euros, serait limité à un an au lieu de deux, et a indiqué qu’un impôt sur les revenus élevés était toujours à l’étude.
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Marathon législatif
Le Sénat doit voter le budget jeudi, prochaine étape de son long processus législatif.
Le projet devrait être adopté par la majorité de centre-droit, même si le groupe socialiste à la Chambre a prévenu qu’il voterait contre.
Le gouvernement a déjà fait des concessions pour apaiser les députés socialistes, notamment en revenant sur la suppression de 4 000 postes d’enseignants et en acceptant une renégociation de la réforme des retraites de 2023.
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Les socialistes disent attendre la lecture du projet de loi en commission parlementaire mixte, prévue le 30 janvier, pour prendre une décision finale quant au soutien ou non à la version finale du budget.
Le gouvernement insiste sur le fait qu’un budget doit être mis en place d’ici la fin février pour éviter une fermeture des services publics, qui fonctionnent actuellement en vertu d’une loi budgétaire d’urgence spéciale adoptée à la fin de l’année dernière.