Jeudi, la commission d’instruction a pris la décision de soumettre sa demande à la cour de révision. Cela concerne le cas de Dany Leprince, qui a écopé d’une peine de réclusion criminelle à vie et a déjà purgé 17 ans de sa peine derrière les barreaux.
Nouvelle avancée judiciaire pour Dany Leprince
« C’est une première victoire », s’est félicité Olivier Morice, l’avocat de Dany Leprince, lors de son intervention sur 42mag.fr le jeudi 23 janvier. Celui-ci est engagé dans une bataille pour faire annuler la condamnation de son client, accusé d’avoir commis un quadruple meurtre en 1994 dans la Sarthe. Récemment, la commission d’instruction a choisi de faire passer la demande de révision du dossier à la cour d’appel appropriée. Malgré cela, Dany Leprince, qui a passé 17 ans en détention, reste sur ses gardes, a expliqué son avocat.
Lors d’une audience publique qui s’est tenue à la Cour de cassation à Paris, la décision a été annoncée. Le dossier a donc été remis à la cour de révision, qui a la possibilité de rejeter la demande ou bien d’annuler la condamnation à perpétuité accompagnée d’une période de sûreté de 22 ans infligée en 1997. Cette condamnation concernait l’assassinat du frère de Dany Leprince, de sa belle-sœur et de deux de ses nièces. En cas d’annulation, la cour de révision ordonnerait un nouveau jugement.
Olivier Morice a décrit les éléments nouveaux apportés au dossier, notamment les reconstitutions sur les lieux du crime. Ces reconstitutions ont révélé que Célia, la propre fille de Dany Leprince et l’une de ses accusatrices, n’avait pas été honnête dans son témoignage. Ce qu’elle affirmait avoir vu, des actions prétendument commises par son père, était matériellement impossible.
Dany Leprince, autrefois surnommé le « boucher de la Sarthe » lors de sa condamnation, reste prudent en raison de son désir de ménager l’institution judiciaire, a ajouté Olivier Morice. « Afin que l’institution puisse reconnaître une éventuelle erreur, il est crucial de faire preuve d’humilité », a souligné l’avocat, rappelant que seules douze affaires criminelles ont été révisées depuis 1945.
Les réserves de la seule survivante sur la culpabilité de son oncle
Le 4 septembre 1994, Christian Leprince, son épouse et deux de leurs filles, Audrey et Sandra, avaient été tués à l’arme blanche dans leur résidence à Thorigné-sur-Dué, en Sarthe. Seule Solène, âgée de 2 ans à l’époque, a survécu. Dany Leprince avait été accusé par sa femme de l’époque, Martine Compain, et sa fille aînée, Célia. Après avoir fait des aveux partiels, il s’est rétracté et n’a cessé depuis de crier son innocence.
En avril 2024, Solène, aujourd’hui âgée de 32 ans, a exprimé ses doutes à la commission d’instruction quant à la culpabilité de son oncle. Elle a évoqué « de sérieux doutes » en raison des nombreuses incohérences du dossier et a exprimé son souhait d’un nouveau procès pour découvrir la vérité.
La remise en cause du témoignage de Célia et l’intervention de Solène ont suffi à juger la demande de révision recevable, même si d’autres preuves avancées par la défense n’ont pas été examinées, a précisé le président de la commission d’instruction.
Enquête en cours sur son ancienne épouse
Martine Compain, qui avait accusé Dany Leprince, est depuis 2014 sous le coup d’une enquête pour « meurtre et complicité » dans le cadre d’une plainte au Mans déposée par le père des victimes Leprince. Bien qu’elle ait le statut de témoin assistée, le ministère public réclame qu’elle soit mise en examen. Lors d’une audience tenue le 12 décembre dernier, l’avocat général a d’ailleurs sollicité d’attendre le développement de cette procédure en cours au Mans.
Après le rejet de son pourvoi en cassation en 1999 — la possibilité d’interjeter appel d’une décision d’assises n’étant ouverte qu’à partir de 2000 en France —, Dany Leprince avait déposé une première demande de révision en 2006, qui fut rejetée en 2011. Finalement, au printemps 2021, la défense a présenté une nouvelle demande de révision, qui a été transmise à la Cour de révision.