Le Premier ministre François Bayrou a suscité de vives critiques après avoir proposé de diviser la législation française tant attendue sur la fin de vie en deux lois distinctes. Les opposants préviennent que cette décision pourrait retarder les réformes de l’aide à mourir.
La législation, qui légaliserait l’aide médicale à mourir et améliorerait les soins palliatifs, fait suite à des années de consultation publique, y compris une convention citoyenne qui recommandait des changements complets dans ces deux domaines.
Le projet de loi unique initial a été soumis au Parlement début 2024, mais est resté bloqué lorsque l’Assemblée nationale a été dissoute en juin.
Bayrou, un fervent catholique, souhaite désormais séparer les deux questions dans des lois distinctes, une décision qui a mis en lumière les divisions à la fois au sein du Parlement et de la coalition gouvernementale.
Des critiques croissantes
« C’est une manière d’abandonner le projet de légalisation de l’aide à mourir », a déclaré le député de gauche Éric Coquerel.
Cette décision a suscité une colère particulière de la part des partis d’opposition qui y voient une manœuvre tactique plutôt qu’une véritable tentative de réforme.
« Nous connaissons les convictions de François Bayrou sur ce sujet. La position de Premier ministre minoritaire dans un contexte politique très précaire ne peut être imposée à l’Assemblée nationale », a déclaré le député socialiste Jérôme Guedj.
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Même au sein de la coalition gouvernementale, le projet suscite un certain malaise. L’ancienne ministre Prisca Thevenot a remis en question ce changement.
« J’étais ministre lorsque le projet de loi a été présenté en un seul bloc. Peut-être faudrait-il aussi respecter cette volonté, qui n’est pas seulement la volonté de certains mais celle d’une convention citoyenne, avec des citoyens qui y ont travaillé pendant plusieurs mois », a déclaré Thévenot. dit.
Soutien de la droite
Cependant, les politiciens conservateurs se sont félicités de diviser la législation.
« L’aspect sur lequel tout le monde s’accorde, c’est la nécessité de renforcer les soins palliatifs. Sur le reste, il y a des débats », a déclaré Éric Ciotti de l’Union de la droite pour la République, parti aligné sur le Rassemblement national d’extrême droite.
Par ailleurs, la porte-parole du gouvernement, Sophie Prima, a souligné que les réformes de l’aide à mourir ne seraient pas abandonnées.
« Cette question sera à l’ordre du jour dans les plus brefs délais. Il s’agit de votes parlementaires sur des sujets de nature distincte », a-t-elle déclaré.
Des sources proches de Bayrou ont indiqué que les soins palliatifs et l’aide à mourir seraient examinés dans le « même délai parlementaire », sans toutefois fournir de calendrier précis.
L’absence d’un calendrier clair a alimenté les inquiétudes des critiques selon lesquelles les réformes de l’aide à mourir pourraient subir de longs retards.