Dans ce nouveau film, remarquable par son esthétique raffinée et sa direction audacieuse, le cinéaste propose au public une expérience des plus étonnantes.
Derrière la sinistre aventure de cette demeure hantée, Steven Soderbergh plonge dans les tourments d’une famille américaine troublée. Le cinéaste, habitant avec son épouse dans une maison de Los Angeles marquée par un sombre passé criminel, a tiré de cette expérience, qu’il affirme n’avoir jamais trouvée angoissante, l’inspiration pour le script de Présence, son dernier film d’horreur qui sera projeté en salles dès le 5 février.
L’œuvre débute par un long plan en mouvement. Le spectateur est guidé à travers une maison vide, quelques instants avant l’arrivée d’une famille désireuse de l’acquérir. Chris (Chris Sullivan) et Rebekah (Lucy Liu), accompagnés de leurs adolescents charmants Chloe (Callina Liang) et Tyler (Eddy Maday), semblent à première vue constituer une famille parfaite.
Rebekah, dynamique et ambitieuse, décide pour tous : cette maison est idéale, sa situation géographique avantagera Tyler, pour lequel elle nourrit de grandes aspirations. Installés, ils découvrent rapidement des phénomènes inexplicables : Chloe ressent une présence dans la maison. Affectée par la perte récente de sa meilleure amie dans un contexte obscur lié à la drogue, elle imagine que cette dernière vient lui rendre visite. Le fantôme, voyeur incongru, ne se limite pas à observer ; il soutient la jeune Chloé, éprouvée par cette perte que sa famille n’a pas su appréhender.
Soderbergh reprend les codes du film de genre pour explorer des réalités telles que les dynamiques familiales, le processus de deuil, la croyance dans le surnaturel, mais aussi la corruption morale. Ainsi, sous l’apparente horreur, se dévoile un drame psychologique analysant les névroses d’une famille ravagée par l’ambition dévorante d’une mère.
Rebekah, aveuglée par un amour démesuré pour son fils, incarne selon le réalisateur une « obsession constante pour l’intégration ». L’indifférence apparente du père, lucide mais incapable de protéger sa progéniture, aggrave les tensions. Ces dysfonctionnements entraînent progressivement les adolescents vers des comportements à risque.
Vision subjective
Réputé pour des succès tels qu’Erin Brockovich, seule contre tous, Ocean’s Eleven (2001), le prophétique Contagion (2011), ou encore Paranoïa (2018) filmé à l’iPhone, Steven Soderbergh propose une fois de plus un thriller au scénario peaufiné. Dans ce huis clos — l’intrigue ne quitte jamais la maison — le réalisateur amplifie graduellement la tension jusqu’à l’angoisse, par un récit plein de rebondissements servi par une réalisation créative.
Ponctuée de transitions en fondu au noir et souvent filmée en grand angle, l’histoire se déploie dans une mise en scène audacieuse, à la limite d’un exercice de style. Soderbergh opte pour une caméra au point de vue unique et subjectif, celui de l’entité spectrale, plaçant le spectateur au cœur de l’action en tant qu’observateur-acteur du drame.
Comme à son habitude, le réalisateur est également aux commandes de la photographie, sous l’alias Peter Andrews, et du montage, sous le nom de Mary Ann Bernard. Du scénario à la réalisation, en passant par la photo, la bande-son, les décors, le montage et la direction des acteurs, ce long-métrage minutieusement orchestré de Steven Soderbergh ravira non seulement les amateurs de cinéma d’épouvante, mais aussi un public plus large.

Fiche technique
Catégorie : Horreur, Thriller
Réalisateur : Steven Soderbergh
Distribution : Lucy Liu, Chris Sullivan, Callina Liang
Pays de production : États-Unis
Durée : 1h 25min
Sortie : 5 février 2025
Distributeur : Dulac Distribution
Synopsis : Une famille emménage dans une maison où une présence inquiétante se manifeste.