Jeudi, Bruno Retailleau a dévoilé une nouvelle vidéo ministérielle visant à combattre l’usage de drogues. Le ministre de l’Intérieur a affirmé que les utilisateurs sont responsables de « sang sur les mains ».
Le gouvernement a récemment lancé une nouvelle initiative plutôt agressive concernant la consommation de drogues parmi les citoyens. Lorsque Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, a dévoilé cette campagne lors d’une conférence de presse le jeudi 6 février, il l’a décrite comme une démarche de « culpabilisation » plutôt qu’une simple « sensibilisation ». Son message était clair : « Chaque jour, des personnes payent le prix de la drogue que vous achetez ». Cette campagne fait partie d’une série d’actions visant à réduire le trafic et l’usage de stupéfiants, un objectif que le ministre considère crucial depuis qu’il a pris ses fonctions à la tête du ministère.
Le clip promotionnel de 30 secondes, mis à disposition jeudi, met en scène un jeune fumant du cannabis et une personne consommant de la cocaïne en soirée. La poudre blanche s’enflamme ensuite, et cette combustion se propage, détruisant une voiture, un lampadaire et une peluche. Une balle est tirée et éveille l’image d’un corps allongé sur le goudron.
Avec cette vidéo, qui cible explicitement les utilisateurs, le ministre Retailleau veut s’attaquer à ce qu’il appelle la « culture récréative » de la drogue. À compter du dimanche 9 février, ce court-métrage sera diffusé en télévisions, sur le web et dans les infrastructures de transport en commun. Les fonds utilisés pour financer cette campagne proviennent des biens saisis aux trafiquants de drogue.
« Des mains entachées de sang »
Dans sa déclaration, Bruno Retailleau a défendu fermement son choix de créer une « campagne de culpabilisation » plutôt qu’une démarche de « sensibilisation ». Il a mentionné vouloir mettre fin à une attitude qui tend à voir les consommateurs simplement comme des victimes de leurs dépendances. « Certes, il y a des patients, mais je ne suis pas le ministre de la Santé », a-t-il précisé. En utilisant des mots forts, il insiste que les utilisateurs ont « des mains entachées de sang » et vise à créer un véritable « électrochoc » avec cette vidéo.
« Quand arrêterons-nous d’instrumentaliser la morale pour communiquer, aux dépens des vies humaines, du mal-être et des violences exacerbées ? »
Anne Souyris, sénatrice écologistesur X
Anne Souyris, porte-parole des écologistes au Sénat, a vivement condamné cette campagne dans un communiqué sur X. Elle considère cette approche fondée sur la peur et la culpabilisation comme « insensée et cynique ». Elle appelle à repenser notre stratégie, en ciblant le narcotrafic, la corruption et le blanchiment d’argent, plutôt que de stigmatiser les jeunes et les citoyens qui subissent un système destructeur.
Bruno Retailleau a également dévoilé son intention d’élever la lutte contre le narcotrafic à un niveau semblable à celui de la lutte antiterroriste. Le ministre a déclaré : « Le gouvernement souhaite désigner la lutte contre le narcotrafic comme une grande cause nationale ». Il a souligné l’urgence du problème en évoquant les « quantités immergentes » de cocaïne détectées, avec 47 tonnes saisies en 2024, ce qui correspond à « plus du double » des quantités confisquées l’année précédente.