La France et les Émirats arabes unis révèlent un projet ambitieux consistant en un investissement considérable pour établir un campus spécialisé dans le domaine de l’intelligence artificielle en France. Ce projet prévoit notamment le financement d’un centre de données, élément crucial pour le progrès de l’IA.
Une somme comprise entre 30 et 50 milliards d’euros est en jeu. Il s’agit du partenariat conclu entre la France et les Émirats arabes unis, officialisé le jeudi 6 février lors du sommet dédié à l’intelligence artificielle. Le principal objectif de cet événement, qui se déroulera dès le lundi suivant à Paris, est de susciter de nouveaux investissements. Parmi ces derniers, on note le projet de création en France du « plus vaste campus d’intelligence artificielle jamais vu en Europe », comme l’a précisé l’Élysée, avec notamment la mise en place d’un immense centre de données. Emmanuel Macron considère l’intelligence artificielle et le stockage des données comme des éléments clés de la souveraineté numérique française.
1 Qu’est-ce qu’un data center ?
En apparence, un centre de données est une structure de grande taille qui regroupe une multitude d’ordinateurs de haute performance, alignés les uns à côté des autres. Par exemple, à La Courneuve, quatre de ces centres forment le « Paris digital park », un espace hébergeant des serveurs informatiques, avec un diamètre total de 250 mètres et une surface de 40 000 m², soit l’équivalent de sept terrains de football mis bout à bout.
Les centres de données permettent de stocker et de transmettre des informations à une vitesse croissante. Actuellement, presque toutes nos interactions numériques, comme vérifier le solde de notre compte bancaire ou acheter un vêtement en ligne, reposent sur ces infrastructures. Les entreprises et les services publics utilisent aussi largement ces centres pour soutenir leurs activités.
2 La France et ses centres de données : qu’en est-il ?
Avec environ 315 centres de données, la France se positionne loin derrière les États-Unis, qui en possèdent plus de 5 000. Toutefois, elle se trouve au sixième rang mondial. Par ailleurs, il y a déjà 35 sites prêts à accueillir de nouveaux centres, selon Clara Chappaz, la ministre en charge de l’Intelligence artificielle.
La disponibilité de sites pour ces structures revient souvent dans le débat. En Seine-Saint-Denis, 23 centres sont déjà opérationnels. Trois principaux facteurs facilitent leur implantation dans ce département : l’accès à des réseaux électriques de haute capacité, la proximité avec les réseaux de télécommunications et le coût foncier relativement abordable comparé à d’autres régions.
3 Quel impact environnemental pour les centres de données ?
Chaque demande sur ChatGPT, utilisée quotidiennement par 300 millions de personnes, consomme dix fois plus d’énergie qu’une recherche classique sur Google. Effectivement, les centres de données sont gourmands en énergie et ont un impact sur l’environnement. En 2023, ils ont consommé environ 1,4% de l’électricité mondiale, et avec l’essor de l’intelligence artificielle, cette part pourrait atteindre 3% d’ici 2030, équivalant à la consommation électrique annuelle combinée de la France et de l’Allemagne. Selon une analyse de Gartner, d’ici deux ans, 40% des centres concernés par l’intelligence artificielle pourraient faire face à des pénuries d’électricité.
Ensemble avec leurs serveurs, cartes graphiques et mémoires, ces centres génèrent également une quantité importante de déchets électroniques, évaluée à 2 600 tonnes en 2023, principalement à cause de l’IA générative. Si aucune mesure de réduction de cette pollution n’est prise, ces déchets pourraient atteindre 2,5 millions de tonnes d’ici 2030, ce qui représente l’équivalent de plus de 13 milliards de smartphones éliminés.