Un groupe composé de Marine Tondelier et de plusieurs élus écologistes se trouve au Salon de l’agriculture ce mardi. Leur présence vise à prouver que l’agriculture peut parfaitement s’harmoniser avec les principes écologiques. Cependant, quelques professionnels du secteur demeurent dubitatifs face à cette idée.
« Les écologistes ne sont pas les adversaires des agriculteurs, et inversement, les agriculteurs ne sont pas traditionnellement hostiles à l’écologie. », a affirmé Marine Tondelier, revêtue de sa fameuse veste verte, parcourant les couloirs du Salon de l’agriculture, mardi 25 février, accompagnée d’un groupe de députés et sénateurs écologistes. Les écologistes essuient souvent des critiques de la part des acteurs du monde agricole, en raison de leurs propositions de régulations accrues dans le secteur. Cependant, les écologistes sont convaincus qu’il est possible de concilier productivité agricole et respect de l’environnement, bien que cette perspective ne fasse pas l’unanimité parmi certains agriculteurs et les visiteurs présents au Salon.
La suggestion de marier productivité et conscience écologique laisse Tom, un agriculteur du Morbihan, quelque peu perplexe. « Je doute que cela puisse vraiment fonctionner ensemble », confie-t-il, peu enthousiasmé par la présence de Marine Tondelier et des représentants écologistes dans les allées du Salon de l’agriculture.
« Nos interventions avec des produits phytosanitaires ne sont pas faites par plaisir. »
Tom, cultivateur bretonà 42mag.fr
En compagnie de son collègue Arthur, Tom exprime le sentiment que les Verts ont tendance à stigmatiser les producteurs, notamment concernant leur recours aux pesticides. « Utiliser un produit polluant sans nécessité n’a plus de sens. Aujourd’hui, si nous utilisons des traitements, c’est vraiment uniquement pour préserver la santé des plantes », explique-t-il. « Je pense que les écologistes ont une vision erronée de notre pratique », réplique son camarade, « alors que nous travaillons souvent avec des doses réduites, voire minimales. »
D’après ces deux agriculteurs, il est impératif aujourd’hui d’opter pour la production en grande quantité : « Car la planète compte de plus en plus d’habitants et de moins en moins d’agriculteurs. Avec une population mondiale croissante, il est donc nécessaire de fournir suffisamment de nourriture. »
« L’élevage et l’écologie ne sont pas en opposition »
Un peu plus loin, la délégation écologiste reçoit un accueil plus amical près de quelques vaches nantaises, reconnaissables à leurs cornes noires et à leur pelage gris argenté. Les éleveurs de cette race prônent une agriculture qui respecte davantage les écosystèmes naturels. « L’élevage n’est en aucun cas opposé à l’écologie, » déclare Pierrick Boireau, employé du secteur. « Bien au contraire, consacrer des terres uniquement à une seule culture céréalière limite la biodiversité. L’élevage, quant à lui, enrichit cette diversité. De plus, certaines exploitations ont un bilan carbone positif, ce qui signifie qu’elles parviennent à stocker plus de carbone qu’elles n’en libèrent. »
La vache nantaise est une race peu répandue, avec seulement environ 1 300 têtes recensées sur le territoire, loin des pratiques agricoles intensives. Cependant, cette approche fonctionne, affirme Pierrick Boireau. « Nous avons accueilli 23 nouveaux éleveurs qui se sont établis dans les trois dernières années avec ces vaches nantaises. Je crois fermement que leur démarche est viable, sinon ils ne s’y investiraient pas. Il ne s’agit pas de simples écologistes en quête de rêve rural avec quelques hectares, mais d’initiatives réellement pérennes. »
Pour le député écologiste Benoît Biteau, cela confirme la compatibilité entre l’écologie et le secteur agricole : « Ce ne sont pas juste des clichés sur les écologistes aux allures excentriques. Cela provient directement de la Commission européenne : ce qui met en danger la souveraineté alimentaire, ce n’est pas l’interdiction d’un nouveau pesticide, mais bien le changement climatique ainsi que la dégradation de la biodiversité. » Selon lui, il est évident qu’il y a une corrélation entre la perte de biodiversité et la diminution de la productivité agricole.