Selon l’entourage du ministre de l’Économie et du Premier ministre, la position du gouvernement concernant la réforme des retraites, surtout en ce qui concerne l’âge de cessation d’activité, est bien définie. Toutefois, cette clarté peine à convaincre pleinement.
François Bayrou suscite la colère des syndicats et des partis d’opposition après avoir affirmé qu’un retour à un âge légal de départ à la retraite à 62 ans n’est pas envisageable. Cette déclaration, faite lors d’une concertation importante sur les retraites impliquant syndicats et patronat, a été jugée « scandaleuse » par la CGT et « incompréhensible » par la CFDT. Dans un effort pour apaiser les tensions, le ministre de l’Économie, Eric Lombard, a clarifié : « Ce sont les partenaires sociaux qui doivent prendre cette décision. »
Néanmoins, le gouvernement insiste sur le fait que cette situation n’indique pas une cacophonie au sein de l’exécutif. Les collaborateurs d’Eric Lombard et un conseiller de François Bayrou tiennent le même discours : le chef de Bercy n’est pas en désaccord avec le Premier ministre, mais partage simplement « une opinion personnelle ». Les orientations données aux syndicats et au patronat « demeurent inchangées », avec pour objectif de rétablir l’équilibre financier du système des retraites d’ici 2030.
Un proche de François Bayrou précise que ce dernier n’impose rien, mais est convaincu qu’un retour à l’âge de 62 ans n’est pas réalisable si l’on veut atteindre cet objectif. Le Premier ministre se base sur le rapport de la Cour des comptes, affirmant que s’ils parviennent à le faire, il n’y verra pas d’inconvénient, mais cela relèverait « du miracle ». Quand on l’interroge sur l’idée de permettre un départ à la retraite à 63 ans au lieu de 64, François Bayrou esquive, affirmant que l’âge n’est pas le seul levier à actionner. Toutefois, selon ses proches, le Premier ministre reste ouvert à d’autres options possibles.
Tensions entre Bayrou et Philippe
Des divergences subsistent malgré tout dans le camp de la majorité. Une confrontation notable oppose Edouard Philippe, chef du parti Horizons, à François Bayrou. Vendredi, Edouard Philippe a critiqué le conclave sur les retraites, le qualifiant de « complètement déconnecté » et « totalement dépassé » dans le contexte actuel de tensions internationales. En réponse, le Premier ministre a affirmé dimanche que son prédécesseur semble considérer que les processus de démocratie sociale et les partenaires sociaux sont négligeables.
Lors de son meeting à Lille, Edouard Philippe a réfuté cette assertion, déclarant être « parfaitement en accord avec la démocratie sociale lorsqu’elle est substantielle », mais non lorsqu’elle se focalise sur un sujet mineur, sans impact transformateur. Un entourage de François Bayrou a minimisé ces critiques.
Selon cette source, Edouard Philippe s’est précipité dans l’arène présidentielle, et ressent désormais « le besoin de faire entendre sa voix vivement » dans un contexte où il n’a d’autre option que d’adopter un ton percutant.