Mardi, au micro d' »ici Provence », Albert Corrieri a exprimé sa « grande déception face à la décision du juge ». Cet homme âgé de 102 ans demandait une compensation pour les deux années passées à travailler contre son gré en Allemagne. Il réclamait un montant de 43 200 euros, ce qui correspond à une rémunération horaire de 10 euros. Albert Corrieri envisage désormais de contester ce verdict en faisant appel devant le tribunal administratif de Marseille.
Albert Corrieri, qui a été soumis au Service du travail obligatoire (STO) entre 1943 et 1945, a exprimé sa frustration devant ce qu’il considère comme « une honte pour la France » au micro d' »ici Provence » (anciennement France Bleu) le mardi 18 mars. En effet, sa demande d’indemnisation a été rejetée par le tribunal administratif de Marseille, celui-ci ayant jugé sa requête prescrite.
Pour avoir été forcé de travailler pendant deux ans en Allemagne, cet homme de 102 ans sollicitait 43 200 euros, ce qui équivaut à 10 euros de l’heure pour la période de travail qu’il a accomplie à Ludwigshafen entre le 13 mars 1943 et le 15 avril 1945. Albert Corrieri ne mâche pas ses mots : « C’est la France qui m’a envoyé là-bas le 13 mars 1943 », a-t-il souligné. Toutefois, le tribunal administratif de Marseille ne lui a pas accordé le statut de déporté, précisant que « M. Corrieri n’a pas la qualité de déporté au sens de la loi du 25 décembre 1964 », qui fait référence à la charte de Nuremberg de 1945 définissant « de façon restrictive » les crimes contre l’humanité.
Le centenaire de Marseille a exprimé sa désolation : « Notre belle France oublie 600 000 de ses citoyens envoyés se sacrifier, c’est inhumain ». Il a insisté : « C’est pour cela que je me bats. », a-t-il déclaré sur les ondes d' »ici Provence ».
« La souffrance que j’ai endurée ne me permet pas d’abandonner. »
Albert Corrieri, ancien du Service du travail obligatoire (STO) entre 1943 et 194542mag.fr
Âgé de seulement 20 ans à l’époque, alors qu’il travaillait comme plombier dans un restaurant de Marseille, il a été envoyé dans un camp allemand où il passait ses journées à charger du charbon dans des wagons, jusqu’à être blessé au bras lors d’un bombardement allié. En tout, entre 600 000 et 700 000 Français ont été contraints de partir en Allemagne dans le cadre du STO.
Albert Corrieri a confié qu’il était « très désillusionné par la décision du tribunal », mais il n’entend pas baisser les bras et va poursuivre son combat judiciaire, comme il l’a affirmé à « ici Provence ». Il a l’intention de faire appel du jugement du tribunal administratif de Marseille. Selon la justice, en 1957, Albert Corrieri avait déjà touché une indemnisations forfaitaire en tant que « personne contrainte au travail en pays ennemi », un dossier pour lequel toute contestation est maintenant prescrite.
Lettre à Emmanuel Macron
Précédemment, le 5 février, une demande semblable avait été rejetée par le tribunal administratif de Nice, déposée, elle aussi, par un ancien du STO, et également défendue par Me Pautot. Ce dernier envisage désormais d’adresser un courrier directement à Emmanuel Macron. Albert Corrieri a déjà pris cette initiative une fois, sans que cela ne suscite une réponse, comme il l’a rappelé, avec amertume.







