Le parquet national financier a demandé jeudi une peine de sept années de détention à l’encontre de Nicolas Sarkozy, ancien président de la République française, dans le cadre du procès concernant les allégations de financement libyen pour sa campagne électorale de 2007.
Lors du procès concernant le présumé financement par la Libye de la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy, le parquet national financier a demandé, ce jeudi 28 mars, une peine très sévère contre l’ancien président. Il est question de sept ans de prison, une sentence inhabituelle pour une ancien chef d’État, accompagnée d’une amende de 300 000 euros ainsi que cinq ans d’interdiction de se présenter à des élections. Cela constitue une requête sans précédent dans l’histoire de la République française. La série de procédures judiciaires auxquelles fait face Nicolas Sarkozy semble ne jamais s’achever, chacune apportant son lot de souffrances. Premier ancien président à être condamné pour « corruption active » dans l’affaire dite « des écoutes », il est également le premier à avoir à porter un bracelet électronique pour l’exécution de sa peine. Cette condamnation, désormais définitive, fait de lui le premier chef d’État à risquer de perdre sa légion d’honneur depuis l’époque du maréchal Pétain.
Quant à l’affaire libyenne, Nicolas Sarkozy n’a pas encore été désigné coupable. Il continue de bénéficier de la présomption d’innocence. Pendant tout le procès, il a rejeté toutes les accusations avec force, jeudi inclus, fustigeant un parquet dont il estime qu’il s’appuie sur de simples spéculations intellectuelles. Mais au-delà de la menace grandissante d’une incarcération, le contenu même de ces réquisitions entache l’honneur d’un ancien président. On se souvient qu’en 2016, interrogé à la télévision par David Pujadas sur une éventuelle réception d’argent de Mouammar Kadhafi, Nicolas Sarkozy s’était indigné, proclamant : « Quelle indignité ! ».
Les magistrats du PNF : accusateurs de « décisions et commandites »
Sur le terrain de la dignité inhérente à la fonction présidentielle, les magistrats du PNF ont dressé un portrait peu flatteur de Nicolas Sarkozy. Ils l’ont décrit comme le « véritable instigateur et coordinateur d’un pacte de corruption inimaginable, incroyable, et choquant », un « pacte diabolique de corruption » scellé avec « l’un des autocrates les plus controversés » du globe. De telles accusations pourraient aisément concerner un chef d’organisation criminelle, dont trois anciens ministres, Claude Guéant, Brice Hortefeux et Éric Woerth, ses présumés complices, risquent eux aussi des peines d’incarcération. Les sept années de prison réclamées pourraient évoquer la déchéance d’un dirigeant d’une République instable. Toutefois, cela se déroule en France, une démocratie certes imparfaite, mais jusqu’à présent robuste.
Quelle que soit la conclusion de ce dossier, il est certain qu’il laissera des empreintes historiques profondes. Depuis le scandale Clearstream en 2005, où Nicolas Sarkozy se considérait victime, ce duel de deux décennies entre lui et la justice atteint son paroxysme. Deux issues se profilent : soit il est acquitté, remettant en cause l’existence même du PNF et affaiblissant les magistrats face aux politiques, soit une lourde peine est confirmée, ébranlant alors la confiance envers le système politique. Dans les deux cas, cela pourrait sérieusement fragiliser deux des fondations de la République : la justice ou les politiques.