Le Parti socialiste relance ses critiques, affirmant que François Bayrou ne correspond plus aux attentes de la gauche.
Les représentants socialistes au Parlement pensaient avoir gagné une bataille en s’abstenant lors de la dernière motion de censure en janvier, espérant se repositionner au cœur du débat politique. Cependant, le contexte semble maintenant se retourner contre eux. Des termes comme « sensation de submersion migratoire » abondent, les déclarations du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau se multiplient, et les propositions législatives prennent une tendance de plus en plus conservatrice. Le point culminant a été atteint lorsque le chef du gouvernement a exprimé son refus de revenir à la retraite à 62 ans avant même la conclusion du conclave, suscitant une vive réaction du leader des socialistes, Olivier Faure, sur LCI. Actuellement en campagne pour conserver la direction du parti, Faure a déclaré : « Il est crucial que le Parlement prenne un jour en main [après le conclave retraites]. Si cela n’arrive pas, alors la censure deviendrait pour moi un impératif moral, en respect pour les Français qui nous ont mandatés pour défendre ce message. »
De son côté, l’ancien Premier ministre socialiste Lionel Jospin a appelé à la prudence dans Le Monde, en affirmant que « Ressortir cette menace serait insensé. […] Il ne faut pas accélérer les échéances au risque de favoriser LFI ou le RN. ». Toutefois, la fin du conclave, prévue à la fin du mois de mai, est cruciale pour l’avenir de François Bayrou, comme le reconnaissent même ses partisans. Les socialistes au Parlement, bien que divisés, pourraient, si aucune avancée n’est observée et si le Parlement ne se voit confier aucun projet, se rallier pour renverser le gouvernement.
François Bayrou : une occasion perdue
Pour l’heure, le groupe socialiste est freiné par ses dissensions internes à l’approche du congrès du parti en mi-juin. Il est partagé entre les partisans d’Olivier Faure, plus orientés à gauche, ceux qui soutiennent Boris Vallaud, le groupe de Philippe Brun, et les opposants à la motion de censure. Certains appréhendent une dissolution, vue les fractures au sein de la gauche, rendant la censure délicate à défendre dans certaines zones électorales. Seul un sujet mobilisateur, comme la réforme des retraites, pourrait ressouder le groupe.
Certains ressentent des regrets quant à leur soutien à François Bayrou, exprimant de l’amertume, notamment un député du courant gauche du PS : « Toutes les concessions obtenues sont superficielles ». Pour lui, « l’expérience avec Bayrou est un fiasco, c’est une rencontre ratée, il tente juste de nous piéger dans un rôle de responsabilité ». Un autre député, hostile à la censure, partage ce sentiment, affirmant que « cette succession de petits problèmes devient vraiment gênante ». Outre une réforme des retraites, ils demandent des garanties. Une figure influente du PS confie à 42mag.fr qu’il communique activement avec le cercle proche du Premier ministre, cherchant à organiser une rencontre à Matignon pour éviter « une nouvelle crise ». Les réponses à ces communications se font toujours attendre.