Dans sa perspective, la situation financière et économique de la France est extrêmement alarmante. Pendant sa conférence de presse consacrée à la situation des finances publiques, le Premier ministre a employé des expressions énigmatiques, espérant ainsi assurer sa pérennité.
Un taux d’imposition qualifié d’« insoutenable », une France accusée de « ne pas produire et travailler suffisamment », un pays « excessivement dépendant » sur les plans industriel et agricole, et pour couronner le tout, des « maux budgétaires sévères ». Est-ce un motif d’inquiétude, docteur ? Non, c’est encore plus grave, répond François Bayrou lors d’une conférence de presse tenue le mardi 15 avril sur l’état des finances publiques. Et les perspectives ne sont guère plus rassurantes pour l’avenir en raison du « contexte international mouvementé » : les droits de douane instaurés par Donald Trump, le conflit persistant en Ukraine, la menace russe, et plusieurs autres enjeux.
La conférence de presse, menée par le Premier ministre, s’assimilait à une consultation désespérée, où le médecin annonce un pronostic terrifiant avec une faible espérance de survie. Inévitablement, on en ressort quelque peu abasourdi. D’autant plus lorsque le thérapeute ne propose aucun remède. Aucune solution en vue. François Bayrou avait annoncé qu’il n’apporterait aucune nouveauté, et il a respecté cet engagement. Une question demeure : pourquoi prendre la parole si tôt, soit quatre mois avant le lancement du débat budgétaire fixé habituellement à l’été, s’il n’y a rien de concret à annoncer ?
Créer l’inquiétude : une stratégie efficace ?
L’objectif affiché est d’alerter les citoyens. Parce que « seule une prise de conscience collective peut soutenir une action résolue », selon le Premier ministre. Cela suscite une autre interrogation : si des décisions difficiles doivent être prises, François Bayrou, qui connaît déjà une impopularité record, peut-il espérer un quelconque soutien de la part des Français ? Peut-il même envisager d’attribuer, en partie ou en totalité, ces choix à ses adversaires politiques ? Peu probable, à en juger par leurs réactions unanimes après la conférence, qualifiant cela d’« opération médiatique » et prévenant des efforts qui pèseraient sur la population. Pris dans un étau, sans majorité au Parlement, sous la vigilance de ses propres alliés et la pression du secteur privé, François Bayrou semble désireux de gagner du temps. Allant jusqu’à exacerber la situation, notamment en prétendant à tort que le taux d’emploi des jeunes est le plus bas d’Europe.
Depuis longtemps, les experts en pédagogie savent que la peur ne constitue pas un bon outil d’apprentissage. Au contraire, l’anxiété peut inciter au refus. Comme la colère, elle est souvent un mauvais conseiller. L’image du « sang et des larmes » à la manière de Churchill fonctionne en temps de guerre, face à une menace extérieure, mais pas pour réaliser des économies et combler les déficits. D’ailleurs, François Bayrou a préféré citer Lénine : « Seule la vérité est révolutionnaire ». Mao ajoutait : « La Révolution n’est pas un dîner de gala ». Cela tombe bien, le Premier ministre a annoncé une période de restrictions.