Alors que la présidentielle de 2027 se profile à l’horizon, Jean-Luc Mélenchon espère pouvoir s’appuyer sur le soutien sans faille de ses partisans. Dans un extrait de l’émission « Complément d’enquête » dédiée au chef de file de La France insoumise, des personnalités emblématiques, qui ont été écartées de la direction du mouvement, partagent leurs témoignages.
À la fin de l’année 2022, La France insoumise (LFI) a accueilli une nouvelle équipe dirigeante. Ce changement a surpris de nombreux membres influents du mouvement, parmi lesquels Alexis Corbière, Raquel Garrido et Danielle Simonnet, qui étaient tous trois députés LFI à l’époque et ont par la suite pris leur distance avec le parti. Dans cet article, chacun d’eux partage ses réactions et pensées concernant leur exclusion.
Alexis Corbière, autrefois un fidèle allié de Jean-Luc Mélenchon et son bras droit, explique comment il a appris la nouvelle par un journaliste de l’AFP, de la même manière qu’Eric Coquerel, François Ruffin et Clémentine Autain. Choqué, il choisit de s’exprimer dans une interview accordée au Monde pour marquer son désaccord. Cet événement a représenté le point de rupture dans sa relation avec celui qu’il considérait jusqu’alors comme un ami proche : « À partir de ce moment-là, nous ne nous parlerons pratiquement plus. »
« Un signal sans équivoque »
Raquel Garrido, sa partenaire, interprète cette exclusion comme un signe certain que Jean-Luc Mélenchon se prépare pour une candidature en 2027. Selon elle, c’est « un message très clair adressé à François, Clémentine et Alexis », qui avaient parfois tenu des positions critiques vis-à-vis du parti.
Face au silence de Jean-Luc Mélenchon qui a décliné les sollicitations des journalistes, Manuel Bompard, le coordinateur du mouvement, est intervenu pour clarifier la situation. Il nie toute volonté punitive concernant d’éventuels désaccords, citant l’exemple de François Ruffin, qui, d’après lui, « ne souhaitait pas faire partie de la coordination ». Cependant, François Ruffin a déclaré dans une interview à LCI qu’on ne lui avait même pas proposé cette possibilité, tout en regrettant « qu’on préfère réduire plutôt qu’élargir » le mouvement.
Dans cette nouvelle direction issue de 21 figures insoumises, on retrouve principalement le cercle rapproché de Jean-Luc Mélenchon : Mathilde Panot, Clémence Guetté, Sophia Chikirou – sa conseillère en communication de confiance –, son gendre Gabriel Amard, sans oublier Antoine Léaument, ancien assistant parlementaire, et le jeune député Louis Boyard.
Pour Danielle Simonnet, il s’agit d’« une génération entièrement redevable à Jean-Luc », car ces membres n’ont pas nécessairement établi un ancrage fort au sein d’un territoire. Simonnet, une élue expérimentée du 20e arrondissement de Paris, ajoute : « Cela en dit long sur Jean-Luc Mélenchon. Il préfère être entouré de jeunes qui partagent ses pensées, et sur qui il a une emprise. »
Un mouvement sans élections ni congrès internes
La sélection des membres de cette nouvelle direction soulève des questions. Ont-ils été choisis par vote ? Cette idée provoque un rire chez la députée : « Mais il n’y a pas de vote à La France insoumise ! C’est ça qui est fascinant. » LFI ne fonctionne pas avec des congrès, des courants ou des élections internes, et, chose surprenante, n’a même pas d’adhérents comme les partis traditionnels. Dans ce mouvement que son fondateur décrit comme ni « vertical ni horizontal » mais plutôt « gazeux », le contrôle est fermement exercé.
Extrait de « Jean-Luc Mélenchon : la lutte finale ? », à voir dans « Complément d’enquête » le 24 avril 2025.