Au rassemblement du Rassemblement National tenu jeudi à Narbonne pour célébrer le 1er mai, Marine Le Pen a clairement affiché son intention de ne pas aller de l’avant. Bien qu’elle ait fait appel de sa condamnation reçue il y a un mois, elle reste fermement décidée à conserver sa position et n’envisage pas de se retirer.
Marine Le Pen reste fidèle à elle-même et l’a encore affirmé cette semaine : pour qu’elle ne soit pas candidate à la présidentielle de 2027, il faudrait qu’un événement dramatique survienne. À Narbonne, ce jeudi, le 1er mai, son message a été limpide : elle reste la candidate incontournable, c’est sur elle que l’on doit compter. Marine Le Pen assure redoubler d’énergie, mener une « bataille pour son honneur » et le refrain demeure le même : elle contre le système, seule face au monde.
Il y avait dans ses propos des accents rappelant ceux de Donald Trump, notamment dans le choix de ses mots. La rhétorique est semblable à celle qui a poussé les partisans de Trump à envahir le Capitole. « On vous a volé les élections législatives », le système aurait selon elle « empêché » Jordan Bardella d’atteindre le poste de Premier ministre. Elle avertit qu’on cherchera à leur « voler » la présidentielle de 2027. Cela traduit son appel à « résister contre cet acte de confiscation de la démocratie ».
Un discours à la sauce Trump, mais avec des réserves
Cependant, elle ne pousse pas réellement à l’insurrection. C’est là toute l’ambiguïté de Marine Le Pen. En vérité, son appel à l’action s’inscrit dans une démarche citoyenne : s’engager, former des listes et, surtout, voter lors des municipales. Interprétée ainsi, elle demeure dans le cadre démocratique. Ses paroles nourrissent aussi la loyauté de ses partisans : une certaine colère et révolte chez ses soutiens. Les municipales de 2026 représentent un enjeu crucial. Un bon résultat viendrait renforcer son argument selon lequel son exclusion serait à la fois impensable et inacceptable.
Dans cette lutte, Jordan Bardella est relégué à un rôle secondaire. À ses yeux, son avenir se dessine comme celui d’un Premier ministre. Son rôle principal est d’organiser le parti, de recruter des candidats. Lors de son discours jeudi, Jordan Bardella n’a pas osé mentionner l’élection présidentielle, comme si le sujet était devenu tabou. Le leader du RN s’est contenté d’une envolée sur Jeanne d’Arc. Cette scène improbable où, lorsqu’il prononçait le prénom « Jeanne », la foule répondait par « au secours ! », rappelle Le Pen père, le 1er mai 2015 devant la statue parisienne place des Pyramides. Au sein du RN, le poids de l’histoire reste lourd et difficile à alléger.