Le rendez-vous des aveux intimes fait son grand retour pour une troisième saison, accueillant cette fois-ci quatre figures majeures de la scène politique. Sous la direction de l’animatrice Karine Lemarchand, Gérald Darmanin, Sandrine Rousseau, Jordan Bardella ainsi que Fabien Roussel viendront se livrer en toute sincérité devant les caméras.
Faut-il informer les citoyens sur la personnalité des personnes pour qui ils déposent leur vote ? Sur leur passé, leurs traumatismes, leurs centres d’intérêt… Ce débat fait débat depuis la mise à l’antenne d’une émission télévisée sur M6 intitulée Une Ambition intime. Dans ce programme, l’animatrice Karine Lemarchand recueille les confidences des figures politiques. Après avoir invité Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon ou encore Anne Hidalgo, quatre nouveaux responsables politiques ont accepté de se livrer : Gérald Darmanin, Sandrine Rousseau, Jordan Bardella et Fabien Roussel.
La diffusion de cette émission est prévue dans deux semaines. Franceinfo a pu visionner quelques extraits et s’entretenir avec les politiques participants. Le principe reste le même : dévoiler une facette nouvelle de nos élus, nos ministres. L’ambiance est chaleureuse, pouvant se dérouler chez les invités ou dans un lieu spécialement loué à cet effet, comme ce fut le cas pour Fabien Roussel : « Cela ne m’aurait pas gêné de faire cela chez moi, mais ma femme n’était pas d’accord. Elle est la chef. »
La première saison, diffusée il y a neuf ans, avait séduit près de trois millions de téléspectateurs. Lors de la campagne présidentielle de 2022, ils étaient deux millions à suivre le programme. S’il y a quelques questions politiques, comme celle posée à Jordan Bardella : que feriez-vous si Marine Le Pen devenait inéligible en 2027 ? Ou encore à Gérald Darmanin : regrettez-vous d’avoir voté contre le mariage pour tous ? La grande majorité des entretiens réalisés par Karine Lemarchand se concentrent sur le parcours personnel des invités, leurs centres d’intérêt, leur famille.
Des anecdotes légères et des confidences plus profondes
On découvre par exemple que Jordan Bardella est très attaché à la propreté, même s’il prétend le contraire. Il passe la raclette sur la vitre de la douche après chaque utilisation. On apprend également que la mère de Gérald Darmanin continue de lui acheter des chaussettes et des sous-vêtements par crainte qu’il en manque, ou encore que Fabien Roussel se rase chaque soir pour éviter que sa barbe pique lorsque sa femme l’embrasse.
Cependant, ces anecdotes conviviales côtoient des récits plus graves. Ainsi, Sandrine Rousseau révèle pour la première fois qu’elle est née avec une malformation aux hanches. Elle a enduré des traitements extrêmement douloureux durant toute son enfance avant que ses médecins ne cessent de la suivre, fâchés quand elle leur annonça à seulement 10 ans qu’elle refusait de se faire opérer.
Grâce à ces révélations, les politiques souhaitent se montrer sous un jour plus humain, espérant ainsi mieux faire comprendre leurs engagements. Cela leur tient tellement à cœur que les quatre invités de cette saison assurent eux-mêmes la promotion de l’émission. Franceinfo et d’autres journalistes ont été reçus dans les locaux de M6 la semaine dernière pour des rencontres individuelles.
« Ainsi, les gens savent vraiment qui je suis »
Tant Sandrine Rousseau que Gérald Darmanin admettent vouloir révéler une autre dimension de leur personnalité. « Au moins, les gens sauront qui je suis, confie la députée. Car je crois qu’il existe une vraie caricature de ma personne et quand je me déplace, en France ou à l’étranger, la phrase que j’entends le plus est : ‘Mais vous êtes très différente de l’image qu’on a de vous !’ Donc j’espère que cette émission pourra servir à montrer un autre visage. »
Le ministre de la Justice partage ce point de vue : « Étant resté quatre ans et demi au ministère de l’Intérieur, on me reproche souvent de ne jamais sourire, d’avoir toujours l’air renfrogné à la télévision. Évidemment, lorsque le ministre de l’Intérieur est invité, c’est généralement à cause d’un attentat, d’une crise… »
« Je pense qu’auprès de l’opinion, j’ai une image sérieuse, peu souriante, peu accessible. C’est amusant, car quand on va à Tourcoing, c’est exactement le contraire. »
Gérald Darmaninà 42mag.fr
Tous reconnaissent avoir été profondément marqués par ces quatre à cinq heures d’entretien. Que ce soit en évoquant des souvenirs douloureux, ou lorsqu’ils écoutaient les témoignages de leurs proches. On assiste ainsi à la scène où Jordan Bardella verse une larme, alors que son père, qui n’avait jamais été filmé auparavant, lui déclare son affection.
« Je n’avais pas besoin de cette émission pour atteindre 37% aux législatives »
Des voix critiques dénoncent parfois la bienveillance affichée envers le Rassemblement national, estimant que l’émission contribue à son expansion. Karine Lemarchand réfute cette accusation. Elle soutient Jordan Bardella qui affirme : « Je n’avais pas besoin de cette émission pour obtenir 37% aux élections législatives. Donc, établir un lien entre un programme qui pourrait me rendre plus grand public… Je pense qu’il n’est pas nécessaire d’une émission pour inciter les gens à voter pour le Rassemblement national. »
D’autres critiques pointent le mélange des registres, à savoir la politique mêlée au monde du show-business. Là encore, l’animatrice se défend : « Je trouve qu’il y a une grande hypocrisie à regretter parfois la ‘peopolisation’ des personnalités politiques, au lieu de se concentrer sur le combat, les idées, etc. Quand on songe à Trump, on ne peut dissocier sa politique aux États-Unis, voire sur la scène internationale, de sa personnalité, qui pouvait être anticipée. C’est pareil pour Poutine. »
« Il faut cesser de croire que seules les idées politiques et les programmes doivent être mis en avant. C’est faux. »
Karine Lemarchandà 42mag.fr
Cependant, s’ouvrir à l’intime et accepter de faire cela avec toutes les formations politiques ne fait pas l’unanimité. La production a rencontré de grandes difficultés à trouver des réalisateurs pour tourner avec Jordan Bardella. Certains ont finalement accepté, mais ont refusé que leur nom figure au générique.