À partir de dimanche prochain, le chef de l’État entamera une série de trois déplacements officiels successifs, se rendant d’abord au Vietnam, puis en Indonésie, avant de conclure son périple à Singapour. Ces visites d’État ont pour objectif principal de renforcer la politique française dans la région indopacifique, conformément aux indications communiquées par le palais de l’Élysée.
Emmanuel Macron entame, ce dimanche 25 mai, une tournée d’une semaine au sein de l’Asie du Sud-Est, avec au programme trois visites officielles au Vietnam, en Indonésie et à Singapour. Cette mission diplomatique a pour objectif de renforcer la « stratégie indopacifique » de la France, dans une zone que l’Élysée qualifie d’ « espace tiraillé entre les États-Unis et la Chine », où Washington exerce une « pression commerciale très intense » depuis l’ère Trump, tandis que Pékin se montre de plus en plus agressif sur les « litiges territoriaux ». La France souhaite ici apparaître comme un partenaire « sérieux », « respectueux » de la « souveraineté » et de « l’autonomie » des nations concernées.
Dans un contexte international marqué par le conflit ukrainien, les tensions au Moyen-Orient ainsi que les différends commerciaux entre la Chine et les États-Unis, Paris souhaite offrir une alternative, détaille l’Élysée. Franceinfo expose les principaux enjeux de ce déplacement du président français en Asie du Sud-Est.
Un voyage centré sur les questions de défense
Au Vietnam lundi et mardi, en Indonésie mercredi et jeudi, ainsi qu’à Singapour jeudi et vendredi, Emmanuel Macron souhaite réaffirmer l’importance stratégique de la France dans cette zone. « Depuis 2018, le président de la République a clairement exprimé la volonté de la France de réinvestir l’Indopacifique », rappelle l’Élysée, soulignant que cette orientation est poursuivie depuis deux mandats, notamment à travers une visite effectuée dans le Pacifique en 2023.
L’Asie du Sud-Est est en effet une région géopolitique majeure, traversée par d’importants couloirs maritimes stratégiques, tels que le détroit de Malacca situés entre l’Indonésie et la Malaisie. Cette zone suscite un intérêt accru des grandes puissances, en particulier de la Chine. Face à cela, la France cherche à se distinguer en s’appuyant sur ses territoires d’outre-mer et ses partenariats en matière de défense régionale, notamment avec Singapour.
Le président souhaite valoriser l’expertise française afin de conclure de nouveaux accords avec l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean). En 2022, l’Indonésie avait acquis 42 avions Rafale pour un montant de 8,1 milliards de dollars et commandé deux sous-marins de type Scorpène. Sur le plan militaire, Paris espère ainsi se positionner clairement. « Les pays de l’Asean font confiance à la France d’abord parce que nous garantissons cette souveraineté et une indépendance précieuses », affirme l’Élysée.
Lors des étapes à Jakarta mercredi, puis à Singapour vendredi, Emmanuel Macron cherchera par ailleurs à expliciter certaines prises de position françaises sur des conflits internationaux, afin d’éviter « des quiproquos et des incompréhensions concernant la démarche des partenaires occidentaux, y compris la France » dans les crises actuelles. L’Élysée précise que Paris rejette « tout traitement différencié » concernant le conflit opposant Israël au Hamas et entend présenter l’Ukraine comme un enjeu « global, dépassant le simple cadre européen ».
Des perspectives dans le domaine économique
Le chef de l’État ambitionne aussi de renforcer les relations économiques entre la France et l’Asie du Sud-Est. « Cette région de 700 millions d’habitants représente aujourd’hui 4,5 % du produit intérieur brut mondial et demeure la plus dynamique à l’échelle économique », met en avant l’Élysée, insistant sur la cohérence d’une politique engagée sur le long terme dès le premier quinquennat du président. Plusieurs « accords et contrats » sont en cours de négociation dans divers secteurs.
Au Vietnam, où débutera la visite présidentielle, ce pays apparaît de plus en plus comme une plate-forme manufacturière alternative à la Chine, bénéficiant d’un afflux d’investissements relocalisés par des entreprises chinoises elles-mêmes désireuses d’échapper aux barrières douanières américaines.
Paris espère également avancer sur plusieurs initiatives liées aux énergies renouvelables mardi, dans le cadre d’un partenariat visant une transition énergétique juste, soutenu par l’Union européenne. À cet égard, la reprise du programme nucléaire vietnamien, actée en 2023, suscite beaucoup d’intérêt selon le gouvernement. « La France est toujours prête à partager son savoir-faire dans ce domaine », indique l’Élysée. Par ailleurs, un projet de train à grande vitesse reliant Hanoï, au nord, à Hô Chi Minh-Ville, au sud, est envisagé. D’un coût estimé à 67 milliards de dollars, ce chantier pourrait devenir la plus grande infrastructure construite dans le pays au cours des prochaines années.
Un effort accru dans la collaboration scientifique et universitaire
Emmanuel Macron souhaite également développer la coopération dans les domaines universitaire, scientifique et technologique avec la région. « Nous voulons bâtir avec ces pays un partenariat dans la recherche et dans l’enseignement supérieur très ambitieux et intense », précise l’Élysée. Ces propos font écho à la conférence Choose Europe for Science, tenue début mai et co-présidée par Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, destinée à attirer les chercheurs étrangers vers l’Europe.
Un autre aspect essentiel de ce voyage sera la promotion de la francophonie. « Nous devons renforcer ce pilier afin d’élargir les possibilités d’échanges », souligne la présidence française, ciblant tout particulièrement l’Indonésie, « un pays où peu d’étudiants partent à l’étranger et qui compte plus de 270 millions d’habitants ». Par ailleurs, la France mise sur le développement d’accords avec Singapour, notamment dans des secteurs innovants comme l’intelligence artificielle.