Le prochain congrès du parti socialiste, prévu à Nancy du 13 au 15 juin, sera précédé d’un vote important des membres du parti sur le texte d’orientation. Ce scrutin constitue une étape cruciale dans la préparation de ce rassemblement, car il permettra aux adhérents de se prononcer sur la direction que leur formation politique souhaite prendre. Pour cette consultation, trois motions différentes ont été soumises à l’examen des militants : l’une portée par Olivier Faure, une autre défendue par Nicolas Mayer-Rossignol, et la dernière présentée par Boris Vallaud. Chacune de ces propositions reflète des approches et des visions distinctes sur l’avenir à donner au parti avant le congrès.
Au sein du Parti socialiste, on peut identifier trois courants presque indissociables, portés par des figures peu inspirantes : le leader actuel Olivier Faure, le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, et en arbitre, Boris Vallaud, président du groupe PS à l’Assemblée nationale. Aucun de ces protagonistes ne dispose du profil recherché pour la présidence, et tous se disputent la tête d’un « parti en déclin » : à peine 39 815 membres, un chiffre historiquement bas depuis la création du PS lors du congrès d’Épinay, il y a maintenant 54 ans.
Pour ceux qui gardent en mémoire les grandes réunions socialistes d’autrefois, les disputes mémorables entre Mitterrand et Rocard en 1979 à Metz, le face-à-face Jospin-Fabius en 1990 à Rennes ou encore le duel Aubry-Royal en 2008 à Reims, la condition actuelle du PS est désolante. Selon Lénine, le socialisme devait être « les soviets plus l’électricité ». Dans le cas du Parti socialiste, il ne reste plus que quelques miettes et quelques bougies vacillantes. Il n’est donc pas surprenant que cette compétition visant à choisir le meilleur conservateur du parti ait peu suscité l’intérêt des médias, tout comme des citoyens.
La question délicate des liens avec LFI
Cependant, ce scrutin recèle un intérêt stratégique non négligeable. Olivier Faure a longtemps placé le PS sous la coupe des Insoumis, acceptant passivement les exigences de Jean-Luc Mélenchon. Il a récemment essayé de s’émanciper de cette domination en refusant de sanctionner le gouvernement Bayrou.
Pour sa part, son principal rival, Nicolas Mayer-Rossignol, redoute un retour en arrière. Il lui reproche notamment de maintenir une certaine confusion quant à l’avenir des relations avec LFI et demande une rupture claire et définitive avec ce mouvement. Cette divergence engage aussi une autre problématique liée au rôle que le PS peut prétendre occuper au sein de la gauche.
Il s’agit de savoir si le parti socialiste doit viser à reconquérir la position de parti dominant à gauche ou s’en tenir à un rôle subalterne en tant que simple allié. Olivier Faure, lui, milite pour une primaire réunissant les écologistes ainsi que l’ensemble de la gauche, à l’exception de Mélenchon, dans le but d’investir un candidat unique à la présidentielle.
Union ou puissance : le dilemme à gauche
Le souci est que le favori à gauche selon les sondages, l’eurodéputé Raphaël Glucksmann, a déjà rejeté cette hypothèse. Pour lui, l’élément prioritaire est un programme sérieux et cohérent, non un rassemblement de forces opposées qui cache plus d’ambiguïtés que d’accords solides.
Depuis une décennie, la seule période durant laquelle le Parti socialiste a réussi à dominer la gauche, c’était lors des élections européennes en juin dernier, où il a mené sa propre liste. Nicolas Mayer-Rossignol défend de son côté une position semblable. Il ambitionne de restaurer la suprématie du PS au sein de la gauche et de rassembler autour du parti des formations éloignées, telles que Place publique de Glucksmann ou la Convention de Bernard Cazeneuve.
Le vieux débat demeure : certains considèrent que c’est l’union qui rendra le PS puissant, rappelant que l’accord du Nouveau Front Populaire a permis d’obtenir quelques résultats positifs aux législatives. D’autres estiment en revanche que c’est d’abord par sa force retrouvée que le PS pourra fédérer la gauche et espérer revenir au pouvoir. En somme, la fracture oppose ceux qui veulent dépasser la social-démocratie, en crise partout en Europe, à ceux qui nourrissent encore l’espoir de la ressusciter.