Le chef d’entreprise italien assume la direction d’un groupe confronté à des difficultés, en grande partie liées aux conséquences des tarifs douaniers imposés par Donald Trump. Sa mission principale consiste à relancer les performances commerciales, en particulier sur le marché des États-Unis, qui subit fortement ces contraintes économiques.
Antonio Filosa était pressenti comme le successeur de Carlos Tavares, dont le départ est prévu pour la fin de l’année 2024. Ce mercredi 28 mai, il a officiellement été nommé directeur général de Stellantis, le conglomérat automobile résultant de la fusion entre le français PSA et l’italo-américain Fiat Chrysler. Il prendra ses fonctions à la fin juin à la tête de ce mastodonte de l’industrie automobile, qui a enregistré en 2025 une baisse significative de son chiffre d’affaires de 14% au premier trimestre, entraînée notamment par un recul sur le marché américain.
Âgé de 51 ans, Antonio Filosa, d’origine italienne, possède une expertise reconnue du marché américain et aura pour mission de redynamiser le constructeur. Son profil diffère nettement de celui de son prédécesseur Carlos Tavares, démis de ses fonctions en décembre dernier.
Une direction centrée sur la région Amérique
Antonio Filosa a commencé sa carrière chez Fiat en tant que stagiaire en 1999, avant de passer une grande partie de son parcours professionnel en Amérique. En 2023, il a été nommé à la direction de la célèbre marque Jeep, puis, en octobre, il a pris la tête de l’ensemble des opérations du groupe Stellantis pour la région Amérique. Sa première tâche a consisté à rétablir le dialogue avec les syndicats et les concessionnaires des États-Unis, qui dénonçaient l’attitude jugée trop rigide de Carlos Tavares. Ces derniers critiquaient notamment la politique commerciale, caractérisée par des modèles trop coûteux, ce qui impactait négativement les ventes.
Le marché américain représente un enjeu crucial pour Stellantis ainsi que pour ses marques emblématiques comme Jeep, mais aussi Chrysler, Dodge et RAM. La mise en place des droits de douane sous l’administration Trump pourrait avoir des répercussions dramatiques, d’autant que près de 40% des véhicules du groupe vendus aux États-Unis sont aujourd’hui produits au Canada et au Mexique. Ce contexte pourrait inciter Antonio Filosa à envisager une relocalisation partielle de la production sur les sites américains afin d’atténuer ces risques.
Un renforcement de l’influence italienne au sein du groupe
La nomination d’Antonio Filosa illustre également une montée en puissance de Fiat et de l’Italie au sein de Stellantis, au détriment de Peugeot et plus largement de la France. Le nouveau dirigeant est en effet réputé proche de John Elkann, président du conseil d’administration de Stellantis et héritier de la famille Agnelli, principal actionnaire de Fiat.
Antonio Filosa a été choisi plutôt qu’un autre prétendant français, Maxime Picat, ancien dirigeant de PSA. Depuis la création du groupe en 2021, Carlos Tavares en assurait la direction générale ; auparavant, il était à la tête de PSA et avait occupé le poste de directeur général délégué chez Renault. Il lui avait été reproché, notamment par le gouvernement italien, de favoriser les sites français au détriment des usines italiennes du groupe.
Ironiquement, alors que Antonio Filosa devra probablement concentrer ses efforts sur le redressement aux États-Unis dans les mois à venir, la situation commerciale de Stellantis en Europe s’améliore. Les ventes progressent au premier trimestre, soutenues par l’arrivée de nouveaux modèles qui rencontrent un succès certain, comme la Citroën C3, la Peugeot 3008, la Fiat Grande Panda ou encore l’Opel Grandland.