Jeudi, le ministre de l’Intérieur effectuera une visite dans la région du Roussillon afin d’exposer le plan d’action mis en place pour lutter contre les incendies de forêt lors de la période estivale. Dans le contexte des récentes décisions gouvernementales qui prévoient une réduction des financements attribués aux collectivités territoriales, le syndicat exprime ses craintes quant à la pérennité des embauches de pompiers professionnels annoncées, redoutant que ces engagements ne soient finalement remis en cause.
Avant la visite de Bruno Retailleau, les pompiers des Pyrénées-Orientales expriment leurs attentes en matière de renforcement des ressources humaines et matérielles, qu’ils jugent indispensables pour combattre efficacement les incendies. C’est ce qu’a déclaré, jeudi 5 juin, Christophe Garcia, sapeur-pompier et représentant CGT, lors d’une interview sur ICI Roussillon. Cette prise de parole intervient à l’occasion du déplacement dans le département du ministre de l’Intérieur, venu lancer la campagne estivale de lutte contre les feux de forêt.
Accompagné d’Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, le ministre s’est rendu à Castelnou, lieu touché l’été dernier par un incendie ayant ravagé 300 hectares. Leur mission était de présenter la nouvelle stratégie de prévention et de lutte pour la période estivale. Ce déplacement a aussi été marqué par l’inauguration du Dragon 66, un hélicoptère de la sécurité civile, performant et multifonctionnel, particulièrement dédié au secours aux personnes. Plus rapide et doté d’une puissance accrue, cet appareil fait figure d’outil polyvalent capable de soutenir les opérations de lutte contre les feux dans la région.
Des restrictions budgétaires grandissantes
« L’arrivée de ce matériel dernier cri constitue un réel atout pour notre département dans la gestion des incendies », reconnait Christophe Garcia. Toutefois, il précise que le département a décidé, comme lors de la saison précédente, de louer un second hélicoptère bombardier d’eau afin de renforcer la capacité d’intervention durant l’été. « Cela engendre un surcoût important pour le SDIS, alors que les budgets alloués se resserrent de plus en plus », rappelle-t-il.
« Lorsqu’un feu s’étend sur une centaine d’hectares et nécessite plusieurs heures, voire plusieurs jours, de travail intensif d’extinction puis de surveillance, il faut impérativement disposer de moyens additionnels », souligne-t-il encore. Les pompiers réclament également « davantage d’ambulances, d’hélicoptères pour accroître leur rapidité d’intervention », ainsi que de nouveaux « camions-citernes ». Ces besoins s’expliquent notamment par les épisodes de sécheresse sévère rencontrés deux années de suite, qui ont compliqué le ravitaillement en eau, explique-t-il. « Intervenir directement au départ du feu permet de limiter les besoins en matériel et en ressources humaines », insiste Christophe Garcia.
Un appel à renforcer les effectifs professionnels
Les pompiers redoutent par ailleurs que leurs projets de recrutement soient mis à mal par les restrictions budgétaires imposées aux collectivités locales. « Un rapport de l’Inspection générale de l’administration de 2023 a mis en lumière une utilisation excessive des sapeurs-pompiers volontaires », détaille le délégué CGT, qui rappelle qu’un socle solide de professionnels est nécessaire pour garantir une organisation pérenne.
À ce jour, le département compte environ 2 000 sapeurs-pompiers volontaires et 340 professionnels. Un plan de recrutement ambitieux est en place sur huit ans, visant à embaucher 100 pompiers professionnels. « Cependant, avec les récentes directives gouvernementales visant à réduire les dotations aux collectivités, nous nous interrogeons sur la capacité à maintenir ces recrutements dans la durée », conclut-il, soulignant l’incertitude qui plane sur l’avenir des effectifs.