Jeudi, Olivier Faure a obtenu la victoire lors des élections internes en recueillant 50,9% des suffrages, devançant ainsi son adversaire, Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen. Il est ainsi réélu pour un nouveau mandat d’une durée de deux ans.
En poste depuis sept années déjà, Olivier Faure, qui a été réélu jeudi 6 juin, pourrait bientôt rejoindre le cercle des leaders les plus durables à la tête du Parti socialiste, derrière Lionel Jospin avec neuf ans, François Mitterrand avec dix ans, et François Hollande avec onze ans. Toutefois, la longévité semble être pratiquement la seule caractéristique qu’Olivier Faure partage avec ces illustres prédécesseurs. Ceux-ci représentent un socialisme de gouvernement, avec son lot de réussites et de revers. À l’inverse, la direction sous Faure correspond à un parti remis en état après le cataclysme de 2017, mais qui continue de perdre du terrain année après année.
De nos jours, le PS ne rassemble plus qu’environ 39 000 adhérents, un chiffre insuffisant pour remplir une salle comme le Parc des Princes. Enfermé dans une position d’opposition, le parti a cédé la première place à gauche et sa pérennité semble reposer presque exclusivement sur la bienveillance de ses alliés, notamment celle des insoumis.
Trouver sa raison d’être pour survivre
En optant pour ne pas voter la censure contre le gouvernement Bayrou, Olivier Faure s’est singulièrement démarqué de Jean-Luc Mélenchon et de ses soutiens. Cependant, cette divergence pourrait-elle tenir longtemps ? La question reste entière si une dissolution de l’Assemblée nationale venait à être envisagée. Ne reverra-t-on pas le PS renouer avec la France Insoumise si c’est la seule voie pour préserver son groupe parlementaire ?
Au fond, c’est bien la problématique de l’utilité — et donc de la survie même du Parti socialiste — qui est posée au moment où la droite semble retrouver une nouvelle vigueur, en remportant quelques scrutins partiels. Celle-ci renaît de ses cendres en acceptant de participer au gouvernement, tout en s’appuyant sur un visage présidentiel prometteur : Bruno Retailleau.
De son côté, le PS, toujours en quête d’une figure fédératrice, se replonge dans une discussion interminable sur une primaire éventuelle, évoquant des noms allant, pour reprendre les mots d’Olivier Faure, « de François Ruffin à Raphaël Glucksmann ». En somme, le parti semble davantage se perdre dans des débats internes et des jeux d’appareil, plutôt que de construire une stratégie claire et compréhensible pour les Français.
Un blocage idéologique de la gauche réformiste au-delà de nos frontières
Le véritable problème réside dans le fait que le PS manque cruellement d’idées, de programme et même d’une narration mobilisatrice à adresser aux citoyens. Ce phénomène n’est pas propre à la France : la gauche réformiste est confrontée à une crise similaire dans plusieurs pays européens. La social-démocratie est souvent dépassée par l’extrême droite, comme on le voit récemment en Allemagne, ou carrément réduite à une marginalité en Italie ou dans les pays d’Europe centrale. En Roumanie ou en Pologne, ce recul signifie que l’échiquier politique se réduit à une opposition entre droite conservatrice et populistes sans offre social-démocrate notable.
Au-delà du destin de ce qui reste du Parti socialiste français, c’est tout l’avenir des partis sociaux-démocrates qui est remis en cause. Après avoir été les architectes majeurs de l’État-providence, de la protection sociale et de l’intégration européenne, on peut se demander si ces formations n’ont pas achevé leur mission historique, et si elles ne doivent pas désormais laisser la place à de nouvelles forces politiques…