Suite aux condamnations rendues en mars à l’encontre de Marine Le Pen ainsi que d’autres figures du Rassemblement national, le parti anticipe des difficultés majeures concernant l’accès au financement bancaire pour sa prochaine campagne électorale. Cette situation se complique davantage puisque le Rassemblement national est également tenu de verser une importante amende imposée par le Parlement européen, une somme qu’il ne dispose pas encore des ressources nécessaires pour honorer.
Le Rassemblement national se prépare activement à l’élection présidentielle de 2027, en anticipant également la campagne qu’il faudra financer. Que Marine Le Pen soit candidate ou non, la question du financement reste primordiale. Lors d’une interview accordée mercredi 25 juin à l’hebdomadaire Valeurs actuelles, Marine Le Pen a révélé avoir « demandé à Jordan Bardella de s’organiser au cas où » elle ne pourrait pas concourir, en raison de son procès en appel à venir, suite à sa condamnation en première instance en mars pour détournement de fonds publics.
Pour assurer le financement de cette campagne, le RN envisage de soumettre des dossiers à une cinquantaine d’établissements bancaires, selon les informations données par le trésorier Kévin Pfeffer. Le parti ne peut plus compter, comme dans le passé, sur les banques russes, mais il continue de solliciter des banques étrangères, principalement européennes. Cette fois-ci, il ne se limite pas à la Hongrie, où il avait contracté son dernier prêt en 2022.
Les banques françaises majeures ont également été approchées, mais sans beaucoup d’optimisme quant à une réponse favorable. « Si elles refusent à nouveau de nous accorder un prêt, nous les tiendrons pour responsables », avertit un député. Malgré des résultats électoraux encourageants, le RN n’a jamais réussi à obtenir de financement bancaire en France jusqu’à présent.
Une nouvelle difficulté s’ajoute cette fois au dossier : la condamnation de Marine Le Pen à une peine d’inéligibilité qui génère beaucoup d’incertitude. Pour rassurer les banques, le Rassemblement national présente dans son dossier les résultats des sondages qui montrent que la popularité de Marine Le Pen est comparable à celle de son éventuel remplaçant, Jordan Bardella. Le parti réclame une enveloppe importante aux banques, évaluée à 12 millions d’euros, montant maximal que l’État rembourse aux partis qui obtiennent plus de 5 % des suffrages au premier tour.
L’attente des aides financières publiques
Le Rassemblement national doit également faire face à une dépense imprévue, liée elle aussi à la condamnation de Marine Le Pen — ou plutôt du parti — dans l’affaire des assistants d’eurodéputés. En effet, le RN devra verser prochainement, sans délai d’exécution différé malgré l’appel en cours, 3,5 millions d’euros au Parlement européen au titre de dommages et intérêts. Cette somme est conséquente, mais sur le papier, le parti a la capacité financière de l’honorer puisqu’il est prévu qu’il reçoive cette année plus de 14 millions d’euros de subventions de l’État, basées sur les résultats des partis aux élections législatives.
Cependant, à ce jour, le Rassemblement national n’a perçu que la moitié de cette somme. Le versement du reste est conditionné à l’épuisement de toutes les procédures visant à contester des irrégularités dans les comptes de campagne.
La situation est donc très complexe. Mais Kévin Pfeffer, trésorier du parti, tire la sonnette d’alarme : « Si les subventions de l’État ne nous parviennent pas rapidement, nous serons dans l’incapacité de payer les salaires ». Ce paradoxe illustre la situation délicate du Rassemblement national : malgré ses performances électorales remarquables lors des deux dernières consultations nationales, il demeure dans une situation financière fragile.