Le ministre de l’Intérieur avait défendu l’idée de supprimer les subventions publiques accordées aux énergies renouvelables dans une tribune publiée dans « Le Figaro ». Son entourage précise qu’il s’est exprimé en qualité de dirigeant de parti politique, tandis que Bruno Retailleau prendra la parole sur d’autres thématiques.
Le rappel à l’ordre est net et sans équivoque. Jeudi 3 juillet, Bruno Retailleau a été fortement tancé par le président de la République ainsi que par le Premier ministre, à la suite de ses déclarations réclamant la suppression des aides publiques aux énergies renouvelables. « Il n’y a aucune justification à maintenir ces financements par des subventions publiques », affirmait-il dans une tribune parue la veille dans Le Figaro.
Ce texte, signé en sa qualité de président du parti Les Républicains, n’a pas plu aux deux plus hautes figures de l’exécutif. Cet épisode s’ajoute à une série de désaccords qui secouent l’équipe gouvernementale, mais cette fois-ci, il est particulièrement visible, car il implique directement l’intervention du chef de l’État.
« Il est nécessaire de contrôler les déclarations publiques »
Emmanuel Macron a clairement désavoué la position exprimée par le ministre de l’Intérieur, lui indiquant qu’il doit se concentrer sur les responsabilités qui lui sont confiées. « Chaque ministre doit traiter les dossiers pour lesquels il a été nommé, car si l’on assiste à des ministres qui se mêlent de tout, alors on ne parle plus de gouvernement », a-t-il souligné jeudi. « Il y aura bien sûr des temps consacrés aux débats et aux programmes, mais si certains préfèrent agir autrement, ils prendront d’autres chemins. En attendant, il faut encadrer les propos publics. »
Sur le plan des orientations énergétiques, le président a rappelé sa position : un soutien conjoint à l’énergie nucléaire et aux renouvelables. Cette ligne a été rapidement réaffirmée par le Premier ministre. Interrogé au sujet de la déclaration de Bruno Retailleau, François Bayrou a d’abord relativisé en précisant que le ministre en question n’a pas parlé « en tant que membre du gouvernement », mais plutôt « en tant que leader politique ». Il a ajouté : « Toutes les sensibilités qui participent à un socle commun s’expriment. J’espère que cette responsabilité les conduira à modérer un peu leurs propos. » lors d’un entretien donné jeudi soir sur BFMTV.
En appelant l’ensemble des acteurs politiques à la rigueur, il a rappelé que la situation que traverse la France est sérieuse : « Il n’y a pas de place pour les jeux politiques ni pour les rivalités entre factions. »
Assurer une « position nette » au sein des Républicains
Cependant, ces mises au point ne semblent guère affecter Bruno Retailleau. Selon son entourage, le président du parti juge que les réactions du chef de l’État et du Premier ministre relèvent d’une « surréaction ». Le ministre s’est simplement contenté de répéter sa ligne concernant la politique énergétique, nous précise-t-on. Par ailleurs, celui-ci renvoie à un ouvrage qu’il a signé sur ce thème, en guise de référence.
Pourquoi le responsable de l’Intérieur a-t-il choisi ce moment pour aborder cette question ? C’est pour marquer une « position claire » au nom du parti Les Républicains, alors même que députés et sénateurs de droite n’ont pas toujours été unis dans leurs votes ces dernières semaines, explique un proche. Il tient à souligner : « Il ne s’agit pas d’exiger un changement de cap du gouvernement. »
La direction de Retailleau semble presque se réjouir de ce rappel à l’ordre émanant de l’exécutif. « Cela prouve que la voix de Bruno Retailleau porte fortement, » assure-t’on. D’ailleurs, le nouveau chef du parti envisage de poursuivre sa prise de parole sur d’autres dossiers, notamment celui de l’éducation, car lui et son équipe sont « en plein travail sur la construction du projet de la droite pour l’élection présidentielle. » Une posture qui paraît difficilement compatible, à terme, avec la participation au gouvernement.