Ministre de la Culture et déterminée à se présenter coûte que coûte aux élections législatives partielles dans la deuxième circonscription de Paris, Rachida Dati occupe également le poste de maire du 7e arrondissement. Toutefois, son ambition principale reste de devenir la maire de Paris en 2026, malgré les fortes tensions politiques qu’elle génère ainsi que les procédures judiciaires auxquelles elle fait face.
Pour certains, elle incarne l’image d’une ambitieuse sans scrupules, prête à user de tous les moyens pour atteindre ses objectifs. Pour d’autres, elle est le symbole de la détermination, du courage et de la ténacité. « L’ambition n’est pas une notion péjorative, déclarait-elle lors de l’émission Vie Privée, Vie Publique diffusée sur France 3 le 30 mars 2009. C’est l’ambition de réussir, de s’en sortir… »
Née et élevée dans une cité de logements sociaux à Chalon-sur-Saône, elle a toujours voulu s’extirper de ce milieu. Sans jamais renier ses racines ni son passé, elle les utilise plutôt comme un levier. Dès ses premiers pas, Rachida Dati se constitue un réseau, qu’elle n’a pas naturellement, grâce à ses multiples courriers et aux opportunités de rencontres qu’elle provoque. Elle se crée ainsi des liens avec des figures influentes qui deviennent ses mentors, ses parrains, voire ses bienfaiteurs. Parmi eux, on compte Albin Chalandon, alors garde des Sceaux, Jean-Luc Lagardère, qui participe au financement de ses études, ainsi que Simone Veil, dont elle porte la robe lors de sa prestation de serment au métier de magistrate.
Son ascension sociale est effective : partant d’une expérience d’aide-soignante acquise sur le terrain, puis de contrôleuse de gestion, en passant par un poste de comptable chez Elf Aquitaine, elle bâtit peu à peu une carrière solide pour accéder finalement à la magistrature sans passer par le concours classique, bénéficiant d’une dérogation. Cette progression lui est source de fierté qu’elle n’hésite jamais à évoquer.
Premiers pas en politique, grâce à Nicolas Sarkozy
Son entrée dans l’univers politique se fait également par la voie épistolaire. Elle adresse plusieurs lettres à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, sans réponse initiale, mais sa persévérance finit par payer. En 2002, il la recrute comme conseillère. Par la suite, elle le suit dans ses différentes fonctions, d’abord au ministère de l’Économie et des Finances, puis au Conseil général des Hauts-de-Seine, avant de le retrouver à nouveau place Beauvau. Jusqu’à la campagne présidentielle de 2007, elle demeure relativement méconnue du grand public.
Suite à la victoire de Nicolas Sarkozy à la présidence, elle est nommée garde des Sceaux. À l’image de son mentor, elle investit activement la scène politique et médiatique. Elle ne passe pas inaperçue, notamment par son style parfois jugé ostentatoire. Au moment où elle conduit une réforme majeure de la carte judiciaire, elle fait la une de Paris Match vêtue d’une robe rose léopard signée Dior. Pendant que des suppressions de postes sévissent dans la Justice, elle dépense des sommes importantes dans ses tenues et accessoires de luxe. Ayant grandi sans ressources, elle affiche désormais avec fierté sa réussite matérielle qui la fait devenir multimillionnaire.
Un an à peine après son élection au Parlement européen, Rachida Dati choisit de devenir avocate. Ce mandat européen ne lui convient en réalité guère, comme elle le confie lors d’une conversation téléphonique interceptée pour un reportage diffusé dans l’émission 66 Minutes sur M6, où elle porte un micro caché.
« Je suis dans l’hémicycle du Parlement européen à Strasbourg, je n’en peux plus. Je dois faire semblant d’être intéressée parce qu’il y a un peu de presse… »
Rachida Dati, conversation téléphonique(Reportage de l’émission 66 minutes, M6, 13 décembre 2009)
Entre 2009 et 2013, elle perçoit 900 000 euros pour des missions de conseil auprès du groupe Renault-Nissan. Ne pouvant démontrer concrètement les prestations fournies, elle est soupçonnée d’avoir exercé un lobbying en faveur de l’entreprise et de son PDG Carlos Ghosn, ce qui la place aujourd’hui sous le coup d’une procédure judiciaire pour corruption et trafic d’influence.
La mairie de Paris comme nouvel objectif
Parallèlement, sa trajectoire politique se poursuit. Parachevant un parachutage, Rachida Dati devient maire du prestigieux 7e arrondissement de Paris, dont elle obtient la réélection en 2014 puis en 2020. Amateur de boxe pratiquée trois fois par semaine, elle n’hésite jamais à riposter face à la maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, lors des séances du Conseil de Paris. Elle affectionne particulièrement les répliques cinglantes et les prises de parole chocs, même si celles-ci se retournent parfois contre elle. En 2021, elle caractérise ainsi le parti d’Emmanuel Macron : « En Marche, c’est quoi ? Ce sont des traîtres de gauche et des traîtres de droite. »
Cette déclaration lui revient en écho en 2024, lorsqu’elle est nommée ministre de la Culture, une décision qui suscite une nouvelle fois des critiques, y compris au sein de son propre camp politique. Néanmoins, cette dirigeante issue de la droite ne se laisse pas freiner par les controverses. Elle se positionne candidate à l’élection législative partielle dans la 2e circonscription de Paris, affrontant Michel Barnier, investi par Les Républicains. Si les procédures judiciaires en cours ne l’ont pas poussée à quitter son poste ministériel, elles constituent néanmoins un frein potentiel pour son ambition majeure : être élue maire de Paris en 2026.