Tout comme bon nombre de Français, les 577 députés profitent eux aussi de leurs vacances estivales. Douze mois après la dissolution prononcée par le président Emmanuel Macron, l’Assemblée a vécu une année parlementaire hors du commun dans l’histoire de la Cinquième République, marquée par une instabilité particulièrement marquée.
Cette année parlementaire qui vient de se terminer, cet été, restera gravée dans les annales, car, pour la première fois depuis 1962, l’Assemblée nationale a fait tomber un gouvernement en moins de cent jours — celui dirigé par Michel Barnier — et, autre singularité, le cabinet qui l’a remplacé, celui de François Bayrou, se retrouve aussi exposé à une motion de censure pouvant l faire tomber dès l’automne.
Ainsi, avec la 17e législature de la Ve République, l’instabilité refait surface au palais Bourbon, et c’est une nouveauté. En 1958, lorsque le général de Gaulle et Michel Debré esquissent la Ve République, l’objectif était précisément d’enterrer à jamais ce qui était perçu comme le “régime de malheur” de la IVe République, selon De Gaulle. Dans cet équilibre particulièrement précaire, le chef du gouvernement, l’équivalent du Premier ministre, voit son mandat osciller en moyenne deux fois par an.
La question se pose alors : vivons-nous un retour de la IVe République ? En franchissant les portes du palais Bourbon, on pourrait sentir passer les ombres d’Edgar Faure, d’Antoine Pinay ou encore de Guy Mollet, car aujourd’hui, tout comme dans les années 1950, l’hémicycle se divise en trois grands blocs politiques de force comparable. C’était précisément ce tripartisme qui caractérisait la IVe République : trois camps, dont deux avaient le pouvoir de bloquer l’essentiel de l’activité parlementaire.
Il existe aussi des différences entre la IVe et la Ve, notamment l’article 49.3, qui redonne une part de pouvoir au gouvernement, et le fait qu’un président soit élu au suffrage universel, ce qui fait que le chef de l’État actuel, Emmanuel Macron, bénéficie d’une assise institutionnelle bien plus solide que celle de présidents comme Vincent Auriol ou René Coty.
Le revers du modèle des coalitions à l’européenne
Mais pourquoi l’Assemblée nationale française n’arrive-t-elle pas à fonctionner sur la base de coalitions, comme c’est le cas dans la quasi-totalité des autres parlements européens ? Deux raisons majeures : d’abord, parce que le régime de coalition va à l’encontre de l’ADN politique de la France; puis, on peut aussi s’interroger sur la détérioration de la qualité des débats parlementaires.
On aurait pu espérer que nos députés s’inspirent de la culture du compromis qui prévaut chez nos voisins allemands, belges, britanniques et peut-être surtout au Parlement européen à Strasbourg et à Bruxelles. Ce n’a pas été le cas. Sur ce point, nos parlementaires n’en sont encore qu’à une étape de progression.