Pour lui, il était indispensable de mettre en place les conditions qui permettent d’être présent à la table des négociations, et non d’y arriver en position de mendier, affirme le coordinateur national de La France insoumise.
« Tout ceci expose, hélas, les fragilités de l’Union européenne et de la France face au dirigeant américain et aussi face à celui de la Russie », affirme lundi 18 août sur 42mag.fr Manuel Bompard, député des Bouches-du-Rhône et porte-parole national de La France insoumise, à l’approche de la rencontre à Washington entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky, ainsi que des chefs d’État et de gouvernement européens. Emmanuel Macron doit aussi prendre part à cette discussion.
L’opposant parlementaire soutient que la France, et plus largement l’Union européenne, se trouvent « sans pouvoir » et ne parviennent pas « à jouer un rôle moteur pour aboutir rapidement à une paix juste et durable » en Ukraine. Il reproche à des politiques mises en œuvre depuis de nombreuses années de s’être alignées sur les postes américains, ce qui aurait « rendues dépendants des évolutions stratégiques des États‑Unis ». Avec l’arrivée du président américain jugé imprévisible à la Maison Blanche, « on en paie le prix ». Selon Bompard, « il ne faut pas compter sur Donald Trump pour défendre les intérêts de la France ou de l’Union européenne ». Pour autant, il faut « avoir confiance en la France » tout en estimant qu’il aurait fallu « créer les conditions pour être à la table des négociations, et non pas venir quémander », critique le coordonnateur national de LFI. En conséquence de ce que l’on décrit comme la faiblesse française et européenne, on chercherait à bâtir les conditions d’une paix qui soit la moins défavorable possible pour l’Ukraine.
La question du départ de Zelensky est-elle inévitable ?
Le député insoumis soutient que, malheureusement, le réalisme s’impose et que l’Ukraine se trouve dans une situation extrêmement défavorable. Moscou exige plusieurs concessions pour parvenir à un accord de paix, notamment l’assouplissement des sanctions contre la Russie, l’interdiction pour l’Ukraine d’intégrer l’Otan et surtout l’abandon par Kiev des territoires partiellement occupés du Donbass, à savoir Lougansk et Donetsk. Le président ukrainien a réaffirmé dimanche son refus de céder des territoires inscrit dans la Constitution. « Les Ukrainiens vivent une période difficile », rappelle Bompard. Notre parti rappelle que sa ligne n’a pas changé: il ne peut pas y avoir de redécoupage territorial sans la consultation des populations concernées, déclare-t-il. Il appelle à un référendum supervisé par des autorités internationales, même s’il admet que ce sont des conditions complexes à mettre en œuvre dans ces zones sous occupation russe.
Manuel Bompard revient sur la polémique suscitée par Aurélien Taché, député du groupe La France insoumise. Invité sur 42mag.fr TV vendredi dernier, il avait déclaré qu’il fallait progresser vers la paix, même s’aucun accord ne serait parfait, car Poutine refuse d’ores et déjà de discuter avec Zelensky et pourrait ne plus être un interlocuteur dans les années à venir. Il ajoutait que l’homme engagé dans la guerre est rarement celui qui signe la paix et qu’il serait peut-être nécessaire que Zelensky réfléchisse à transmettre les rênes pour faciliter un véritable accord de paix. Taché avait lui-même jugé qu’il était sans doute temps d’ouvrir une nouvelle page démocratique pour faire avancer la paix. De son côté, Bompard rappelle qu’il n’appartient pas à La France insoumise de déterminer si Zelensky doit quitter son poste et affirme que Taché partage cette même perspective, s’étant limité à « présenter des éléments d’analyse » car « l’une des conditions de la paix souhaitée par Vladimir Poutine passe par le départ du président ukrainien ». Le coordinateur national d’LFI avoue craindre que cela ne se produise. Il précise toutefois: « Je ne dis pas que ce sera le cas, mais cela peut malheureusement arriver. »