Tous les ministres de la Justice affichent une posture résolument ferme envers les délinquants, en affirmant qu’aucune indulgence n’est tolérée et que les peines prononcées doivent être réellement exécutées, selon les propos de Gérald Darmanin. Tel est le message officiel. Toutefois, en plein été, près de huit cents détenus ont été remis en liberté. Ce phénomène ne révèle-t-il pas un possible décalage entre les mots et les actes ?
En juillet dernier,Gérald Darmanin, alors ministre de la Justice, réaffirmait fermement son message :
“Une peine de prison sur deux n’est pas réellement exécutée en détention; elle est aménagée directement. Il est évident que ce décalage entre peine prononcée et incarcération est intolérable.”
Pourtant derrière ce discours, jamais autant de peines n’avaient été aménagées que durant cet été.
En un mois 774 détenus en ont bénéficié, l’équivalent de deux maisons d’arrêt. Un record depuis le Covid, mais le ministre de la justice ne s’en vante pas.
Des échanges ministériels en plein été
Il existe très peu d’images de ces séances. Le ministre convoque à 7 reprises magistrats et responsables pénitentiaires. Le thème : comment empêcher que les établissements surpeuplés ne s’embrasent en période de canicule. Aucune directive écrite ne sortira de ces rencontres, mais selon les participants le message du ministre est clair: il faut réduire rapidement le nombre de détenus.
À Metz le procureur se met au travail. En quelques semaines 139 détenus ont quitté les prisons du Grand Est, ce qui est une fierté pour ce magistrat.
il s’agit du nombre de détenus qui actuellement bénéficient soit d‘aménagement sous forme de placement extérieur, soit d’aménagement sous forme de bracelets électroniques
François Pérain , Procureur Général cour d’appel de MetzA l’œil du 20 Heures
Une injonction au paradoxe ?
Le ministre affiche une image de fermeté. Sous couvert d’anonymat un procureur dénonce un double discours : « pour le ministre, c’est prendre un risque énorme de dire qu’il y a trop de gens en prison et il ne veut pas être accusé de laxisme »
Au sein du ministère, le sujet pose problème
Le porte-parole de la chancellerie réfute complètement l’idée de « vider les prisons », rappelant que ni le ministère ni le Garde des Sceaux n’exercent le pouvoir de vider les prisons.
Je ne sais pas si cela découle d’une instruction précise. Il est possible que cela ait permis, dans certains tribunaux, d’explorer des marges de manœuvre qui n’existaient pas auparavant.
Sacha Straub-Kahn, porte-parole du ministère de la JusticeA l’œil du 20 Heures
Le ministre privilégie plutôt l’annonce prochaine de 3 000 nouvelles places de prison, alors que plus de 5 000 détenus dorment encore sur des matelas posés au sol.
PARMIS NOS SOURCES :
https://www.justice.gouv.fr/documentation/etudes-et-statistiques/statistiques-mensuelles-population-detenue-ecrouee-9