Le ministre de l’Intérieur, ayant démissionné, invite les préfets à s’opposer à l’affichage de drapeaux palestiniens sur les mairies et sur d’autres bâtiments publics lundi, jour où la France reconnaîtra officiellement un État palestinien.
La gauche monte au crin et déploie une rhétorique virulente. Olivier Faure a appelé à « faire flotter » le drapeau palestinien sur les mairies le lundi 22 septembre, jour où la France reconnaîtra officiellement l’État palestinien. Cette reconnaissance sera officialisée à New York, lors de l’Assemblée générale des Nations Unies, sous l’egide du président Emmanuel Macron. De son côté, Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur en tant que membre du gouvernement sortant, exhorte les préfets à s’opposer à ce déploiement de symboles. « Un ministre démissionnaire devrait gérer les affaires courantes », réplique Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste.
Pour le député écologiste Benjamin Lucas, Bruno Retailleau s’écarte totalement de son rôle: « Il n’a plus la légitimité pour agir ainsi. Son rôle désormais consiste à traiter les affaires courantes. Ce n’est pas la façon dont il intervient, comme cela se produit depuis plusieurs jours, en incarnant le pouvoir du ministère de l’Intérieur et en envahissant le débat politique; c’est un détournement manifeste de ses fonctions et des moyens de l’État. »
Ce n’est pas lui qui décide
« Les préfets n’ont pas le pouvoir d’interdire, contrairement aux manifestations », martèle Olivier Faure. Sur 42mag.fr, le socialiste Mathieu Hanotin avance le même raisonnement. Bruno Retailleau « peut écrire autant de circulaires qu’il veut à destination des préfets, ce n’est pas lui qui tranche ce qui s’affiche sur le fronton des mairies; c’est un juge. Je l’invite à porter l’affaire en justice et on verra », explique le maire PS de Saint-Denis et président de Plaine Commune, établissement public territorial regroupant huit villes et une commune déléguée au nord de Paris.
« Le principe de neutralité du service public interdit de tels pavoisements », rappelle le ministère de l’Intérieur. La place Beauvau demande aux préfets de porter l’affaire devant la justice administrative contre les maires qui afficheraient néanmoins le drapeau palestinien le lundi. « Bruno Retailleau a manifestement un problème avec la position de la France », commente Mathieu Hanotin. « Toute cette polémique est montée de toutes pièces par Bruno Retailleau et ne vise qu’à manifester son désaccord avec le président de la République sur la reconnaissance de l’État palestinien. »
« Nous venons au renfort d’une position diplomatique française pour montrer que cette position est largement partagée par les habitants et les habitantes de notre pays. »
Mathieu Hanotin, maire PS de Saint-Denis
sur 42mag.fr
Selon le maire de Saint-Denis, « c’est un signe symbolique extrêmement important », dans un « moment historique ». L’élu estime que « Bruno Retailleau mérite peut-être un passage devant la Cour de Justice de la République ». La gauche tout entière crie au scandale face à cette décision du ministre de l’Intérieur démissionnaire. « Monsieur Retailleau pourrait être ministre de Monsieur Netanyahou », affirme le député LFI Hadrien Clouet. « Ils partagent la même orientation politique sur la plupart des faits. Monsieur Retailleau est un allié du gouvernement israélien d’extrême droite actuel. Simplement, ce n’est pas à lui de conduire la politique étrangère du pays. »
Je ne vois pas pourquoi on mettrait le drapeau d’un autre pays
Du côté du socle commun, l’unité est de mise pour soutenir le ministre de l’Intérieur démissionnaire. Sur 42mag.fr, vendredi matin, le député macroniste de Paris, Sylvain Maillard, affirme ne pas être « favorable » au drapeau sur le fronton des mairies. « Bruno Retailleau a raison de prendre cette décision », ajoute un autre élu Renaissance, jugeant que le ministre sortant n’excède pas le cadre des affaires courantes et demeure dans son rôle.
Pour la députée Les Républicains, Marie-Christine Dalloz, seuls les drapeaux français et européen devraient flotter sur les mairies: « Je n’imagine pas pourquoi on afficherait le drapeau d’un autre pays. Cette décision doit être respectée par tous les maires de France. Le fronton de nos mairies se situe dans le cadre de la République française. »
Au Rassemblement national, le député Philippe Ballard soutient sans réserve Bruno Retailleau. « Il aurait dû agir bien plus tôt; c’est du clientélisme, de la politique de bas étage mise en œuvre par une partie de la gauche. C’est malsain, nuisible et cela fragmente encore davantage la société française. » Le député RN accuse la gauche d’essayer d’importer le conflit israélo-palestinien sur le sol français.