L’Allemagne cherche à mobiliser l’ensemble des moyens disponibles pour lever l’interdiction pesant sur la vente de voitures neuves à moteur thermique en Europe, avec une échéance fixée à 2035. Le chancelier allemand espère voir cette démarche aboutir et obtenir une issue favorable.
Le chancelier allemand, Friedrich Merz, s’est engagé résolument dans le débat en réaffirmant une position très ferme lors d’une rencontre, le jeudi 9 octobre, avec les acteurs de l’industrie automobile à Berlin. Tous les segments de la filière allemande du secteur automobile s’étaient rassemblés autour de cette réunion, des constructeurs aux distributeurs, en passant par les équipementiers, les fournisseurs, les syndicats, les influenceurs et les responsables régionaux qui hébergent les grands bastions du secteur. L’objectif commun est de s’opposer à l’interdiction envisagée par Bruxelles des moteurs thermiques dans l’Union européenne, et ce dans les dix prochaines années, afin de privilégier les motorisations électriques.
Le chef du gouvernement cherche à obtenir des avancées rapidement. Il ne doit pas y avoir de rupture brutale à l’issue de 2035, affirme-t-il. Il précise toutefois que le véhicule électrique doit rester la voie principale à suivre et qu’il ne faut pas revenir en arrière vers les technologies d’antan. Cette poussée s’inscrit deux semaines avant le Conseil européen qui doit examiner la question à Bruxelles. Il s’agit d’une mobilisation politique après les interventions musclées des grands noms de l’industrie concernés comme BMW, Mercedes et Volkswagen.
La fragilité du modèle économique allemand mise en lumière
Pour préserver le moteur thermique tout en avançant sur les développements du moteur électrique, les acteurs industriels allemands demandent un assouplissement du cadre européen, voire une exception pour les carburants alternatifs tels que les agrocarburants ou l’essence de synthèse. Le message central est que toute rupture brutale serait difficilement tolérable pour l’ensemble de la filière automobile. Cette industrie pèse lourd dans l’économie allemande et traverse actuellement une période de crise. Des profits en chute libre, des suppressions d’emplois massives, des fermetures de sites… L’automobile devient le signe apparent de faiblesses plus générales du modèle économique allemand et sa fragilité est mise en avant. Le modèle repose largement sur les exportations, longtemps soutenues par une demande mondiale et par une énergie bon marché importée notamment de Russie à travers le pétrole.
Entre le retard pris par rapport aux modèles électriques chinois, qui gagnent en compétitivité et en qualité, et le manque de bornes de recharge, la crise a déjà coûté 50 000 emplois sur les 800 000 emplois occupés par les sous-traitants comme Bosch et l’ensemble du réseau des PME. Cette crise est symptomatique des difficultés rencontrées par d’autres pays européens, dont l’Allemagne demeure le principal porte-drapeau.