Les échanges relatifs à la section « recettes » du budget de l’État s’ouvriront ce vendredi après-midi. Ce volet, largement rejeté par la commission des Finances, obligera la coalition au pouvoir à obtenir le soutien du Parti socialiste afin d’échapper à une motion de censure.
La bataille budgétaire s’apprête à s’ouvrir en séance publique à l’Assemblée nationale, qui se tiendra à partir de 15 heures, ce vendredi 24 octobre. Le projet de loi de finances a été rejeté de façon écrasante en commission des Finances, avec 37 opinions défavorables pour 11 favorables, dans la nuit de mercredi à jeudi. Seule Renaissance a voté en faveur. Le RN, LR et la gauche se sont opposés au texte, tandis que les deux autres formations macronistes, le MoDem et Horizons, ont choisi l’abstention. Peut-on voir dans cette séquence une sorte de répétition de ce qui va se dérouler dans l’hémicycle ? C’était probablement une simple séance de mise en bouche. Car c’est vendredi que sera examinée la version initiale du gouvernement. À l’aube de la séance publique, à gauche — où le Parti socialiste détient l’arbitre de la censure — les députés affichent une prudence extrême, presque une résignation.
Philippe Brun, député socialiste de l’Eure et référent budget pour le groupe, n’est pas pleinement rassuré. « J’ai, comme disait Lénine, l’optimisme de la volonté et le pessimisme de la raison », affirme-t-il. Le PS réclame des mesures fortes pour taxer les patrimoines les plus élevés, alors que l’amendement de gauche sur la taxe Zucman a été rejeté en commission. « J’enjoins les macronistes à retrouver leur cap. S’ils ne se ressaisissent pas et si aucun compromis n’émerge, il y aura censure et ils seront battus dans leurs circonscriptions. C’est désormais à eux de choisir. La balle est dans le camp des macronistes », conclut le député.
Un budget perçu comme réactionnaire
Brun affiche une posture de menace et évoque des discussions avec des présidents de groupes du bloc central. Mais Éric Coquerel, président du groupe La France insoumise à la commission des Finances, n’imagine pas de concessions futures de la part des macronistes. « Dans les faits, je n’en ai pas vu la moindre trace », constate-t-il. Le travail en commission, affirme-t-il, révèle un budget qu’il qualifie de « réactionnaire ». « Parce que le RN et le socle commun votent ensemble sur les questions liées à la culture, à l’environnement et à l’immigration », explique-t-il. Cela, selon lui, donne lieu à un texte parfois « trumpiste ». « Je ne vois pas, même chez un gauche aussi volontaire que le PS, une instance prête à l’approuver », assure-t-il.
Les députés adopteront-ils le même comportement lors de la séance? C’est tout l’enjeu. Le Premier ministre, Sébastien Lecornu, préfère relativiser les « non » opposés au texte. « Je ne parlerais pas d’échec. Il y a bien un rejet du texte, mais ce que j’observe surtout, c’est un premier tour de piste, une sorte de mise en route où chacun arrive avec ses convictions », a-t-il indiqué. L’heure de la vérité devrait arriver rapidement. Les articles décisifs sur la fiscalité seront débattus vendredi soir ou samedi matin.







