Un sondage le place en position de leader clair dans les intentions de vote pour la présidentielle de 2027, devant l’ensemble de ses opposants. Il se retrouve même devant Marine Le Pen. Lors d’un entretien accordé dimanche, il explique prendre pour exemple non pas la présidente du RN, mais Giorgia Meloni, la présidente du Conseil italien.
Les résultats de l’étude conduite par l’institut Elabe et diffusés par La Tribune Dimanche, le dimanche 2 novembre, confirment, à 18 mois de l’échéance, que le Rassemblement national apparaît comme le principal favori pour l’élection présidentielle. Jordan Bardella apparaît même mieux positionné que Marine Le Pen. Selon ce sondage, il détient une avance d’environ une vingtaine de points sur l’ensemble de ses rivaux au premier tour, avec une estimation comprise entre 35 et 37,5 % d’intentions de vote pour le président du RN. Nous sommes encore loin du scrutin, et il ne s’agit que d’un sondage, certes, mais il s’intègre dans une série d’enquêtes similaires. Bardella réalise même un score supérieur à celui de Marine Le Pen, qui se situe autour de 34 %.
Il serait donc en mesure de prendre sa succession si la condamnation à une lourde peine d’inéligibilité pour détournement de fonds publics venait à être confirmée lors du procès en appel, dont l’ouverture est programmée à la mi-janvier. D’ores et déjà, Bardella prend les devants. Progressivement, il commence à effacer Marine Le Pen de l’image même du RN. L’an passé, il avait choisi de la couvrir de compliments dans son premier livre. Dans son deuxième ouvrage, Ce que veulent les Français, publié chez Fayard et qui vient tout juste de paraître, elle n’est citée qu’une seule fois sur les quelque 400 pages et elle n’apparaît pas du tout dans l’interview longue accordée dimanche au Journal du dimanche. Il puise même son exemple dans Giorgia Meloni. Replaceant l’objectif sur l’union des droites plutôt que sur les thématiques populistes associées à Marine Le Pen, Bardella adhère à ce que l’on appelle la stratégie d’« union des droites » prônée par la présidente du Conseil italien. Il propose un accord de gouvernement avec Les Républicains et multiplie les messages d’ouverture aux milieux d’affaires et aux patrons, débutant notamment avec Vincent Bolloré, qu’il a rencontré et qui a fait du prometteur Bardella la figure de proue médiatique de son groupe de presse. Cette trajectoire accélérée est en phase avec l’ère actuelle de la politique, celle de l’image et des réseaux sociaux.
Un signe révélateur de l’état de notre démocratie
Pendant longtemps, l’élection présidentielle était perçue comme l’aboutissement d’un long cheminement politique, jonché d’obstacles. Le fameux parcours des honneurs, qu’on appelait autrefois le parcours des honneurs dans le droit fil de la Rome antique, imposait au candidat de se présenter à plusieurs reprises, de subir des trahisons et des défaites, de surmonter bien des épreuves avant d’accéder enfin à l’Élysée, charges et cicatrices à l’appui. Des figures comme François Mitterrand ou Jacques Chirac ont emprunté ce chemin. En 2017, la performance d’Emmanuel Macron avait déjà bouleversé ce modèle traditionnel. Reste que le président nouvellement élu provenait tout de même de l’ENA, le creuset des fonctionnaires de l’État.
Huit ans plus tard, un jeune homme d’à peine 30 ans, encore peu connu il y a six ans et qui avait fait irruption sur la scène politique via des selfies et des séquences sur TikTok, s’impose comme le candidat le favori pour 2027. La popularité de Jordan Bardella est aussi le signe d’un certain état de notre démocratie: elle reflète le niveau des échanges publics, la défiance d’une portion significative de l’opinion vis-à-vis des élites et, plus largement, les transformations profondes du monde politique à l’ère numérique.







