Giorgia Meloni affiche un franc-parler et un style singulier, ce qui la fait sortir du lot lors des sommets internationaux, en tant que Première ministre italienne. Née dans Garbatella, ce quartier populaire de Rome, elle affirme sans détour son authenticité et son tempérament déterminé, tout en dirigeant depuis trois ans un gouvernement ultraconservateur, une stabilité qui frôle le record en Italie.
C’est une scène qui épouse parfaitement le style de Meloni : en mai 2024, la Première ministre se déplace près de Naples pour rencontrer le président démocrate de la région Campanie, Vincenzo De Luca, qui l’avait insultée dans le cadre d’une conversation privée puis rendue publique. Giorgia Meloni avance vers lui, lui serre la main et fixe son interlocuteur droit dans les yeux, en lâchant : « C’est moi, cette connasse de Meloni, comment allez-vous ? » Le dirigeant démocrate ne réagit pas autrement que de lui souhaiter la bienvenue dans la région. Malgré tout, cet échange alimente le sens qu’elle donne à son discours : elle met en avant ce franc-parler, cette langue qui ne se laisse pas dicter, et cet accent romain, parfois agrémenté du parler local, qu’elle emploie pour paraître authentique et proche de son électorat.
Été 2022, juste avant de prendre les commandes, elle perd un peu de sa voix lors d’un meeting, boit une gorgée d’eau et présente des excuses : « Je vous jure que j’essaie d’être plus calme, mais bon, les gars, je suis de la Garbatella, aussi ! Que voulez-vous ? Il faut que ça sorte ! » La Garbatella est ce quartier populaire où elle passe son enfance, et dans lequel le réalisateur Nanni Moretti l’a fait apparaître dans son film Journal intime, accompagné d’une musique de Leonard Cohen.
La « banlieusarde » de la Garbatella
Ce territoire périphérique de Rome est surtout un bastion de la gauche. C’est là que Giorgia grandit après le départ de son père, et c’est aussi là qu’elle raconte avoir provoqué un incendie en laissant brûler une bougie dans l’appartement cossu du centre-ville, ce qui obligea la famille à s’en détourner. Cette enfance dans la Garbatella la pousse à revendiquer son image de banlieusarde. Elle n’hésite pas à rappeler ses origines et affirme : « Je suis et je serai toujours fière d’être une personne du peuple. Je serai toujours simplement l’une des vôtres ! » Elle pousse d’ailleurs ses électeurs à l’appeler par son prénom plutôt que par un titre officiel, et non « présidente, mais simplement Giorgia. »
Giorgia Meloni n’a obtenu que le baccalauréat comme diplôme, et elle aime rappeler qu’elle connaît bien le travail précaire puisqu’elle a exercé divers petits métiers, notamment comme serveuse au Piper Club de Rome, un lieu mythique de la scène rock des années 70, devenu discothèque lorsque Meloni avait une vingtaine d’années.
Rendre à l’Italie toute sa place sur la carte du monde
Âgée aujourd’hui de 48 ans, la présidente du Conseil s’exprime avec un débit rapide et une focalisation tranchante pour défendre son programme ultraconservateur, tout en affichant une détermination qui, selon elle, caractérise ceux qui veulent réussir dans un univers d’hommes. Mesurant un mètre soixante, Giorgia Meloni n’est pas imposante physiquement, mais elle occupe une place marquante sur les scènes internationales, et ses gestes et expressions pèsent dans les sommets internationaux. Ses admirateurs la voient comme quelqu’un qui peut faire bouger les lignes sur la scène mondiale, même lorsqu’elle paraît minuscule à côté des leaders habituels.
L’écrivain et scénariste Emmanuel Carrère, qui couvre le G7 à l’été 2025, la décrit comme « la moins poker-face de tous » : quand quelque chose l’amuse, elle éclate de rire, et quand quelque chose l’ennuie, elle lève les yeux au ciel et souffle bruyamment. Carrère ajoute : « Je sais que Meloni est considérée comme d’extrême droite et qu’il vaut mieux ne pas dire du bien d’elle, mais cette petite femme blonde détonne au G7 par une rudesse enjouée et un vestiaire sans concession à la morosité : au milieu des costumes stricts, sa robe bleu ciel, légère, évoquait presque une tenue de plage. »
« Ça ne vous dérange pas que je parle de vous comme d’une belle jeune femme, n’est-ce pas ? Parce que vous l’êtes ! »
Donald Trump
Meloni se révèle surtout comme une stratège adroite et perspicace sur le plan politique. Toujours prisée en Italie, après trois années à la tête d’un exécutif ultraconservateur, elle affiche pratiquement un record de stabilité. Elle affirme que « Aujourd’hui, notre gouvernement entre dans la liste des cinq gouvernements les plus durables de l’histoire de la République italienne. » Son objectif demeure de redonner à l’Italie une place prééminente sur la scène internationale.







