Lors de son passage sur La Matinale, le lundi 3 novembre, Manon Aubry, eurodéputée du mouvement La France insoumise, affirme que les socialistes portent une lourde responsabilité dans l’impasse actuelle, car ils réalisent qu’ils deviennent les dindons de la farce.
La Matinale de 42mag.fr reçoit Manon Aubry, eurodéputée de La France insoumise, ce lundi 3 novembre, pour discuter notamment des débats budgétaires qui se prolongent à l’Assemblée nationale et de la question de la taxe Zucman.
Ce texte est tiré d’une portion de la retranscription de l’entretien ci-dessus. Pour voir l’intégralité de l’entretien, cliquez sur la vidéo.
Alix Bouilhaguet rappelle que les socialistes ont obtenu de Sébastien Lecornu un certain nombre de concessions, telles que l’abandon du 49.3, la suspension de la réforme des retraites et le renoncement au gel des pensions. Et les Insoumis, qu’ont-ils obtenu pour les Français ?
Manon Aubry répond que la réalité montre surtout que le piège se referme autour des socialistes et qu’ils n’obtiennent aucune concession du gouvernement. La « suspension » de la réforme des retraites n’en est pas une véritable, mais plutôt un décalage dans son application. À partir de la génération née en 1969, la retraite à 64 ans devrait s’appliquer pratiquement de la même façon. Pour le reste, le gel des pensions a été battu en commission, en grande partie parce que les voix des Insoumis ont pesé pour faire tomber cette mesure dans le budget. En revanche, les éléments les plus problématiques demeurent, tels que la diminution des APL, l’augmentation du reste à charge pour les médicaments ou les consultations, et l’atteinte aux affections de longue durée. En outre, le Parti socialiste avait présenté la taxe Zucman comme un totem, une position qu’il défendait depuis plusieurs années.
La taxe Zucman a été rejetée par l’Assemblée nationale. Aubry s’interroge officiellement envers le Parti socialiste, qui avait fait de cette taxe l’une de ses lignes rouges face au gouvernement, et elle les interroge sur le moment où ils censureront le gouvernement Lecornu et reviendront à une position plus raisonnable.
Par ailleurs, selon elle, le budget devrait être rejeté parce qu’il fusionne des mesures provenant d’ici et d’ailleurs et qu’il n’a plus aucun sens, représentant une véritable cure d’austérité et un sacrifice social sans précédent pour les Françaises et les Français. Elle affirme que le budget sera rejeté et que, in fine, des ordonnances pourraient suivre. Il leur manque seulement 18 voix pour leur motion de censure, et elle estime que les socialistes portent une lourde responsabilité dans l’impasse actuelle, en étant, selon elle, le « dindon de la farce ».
Vendredi 31 octobre, les députés ont adopté un impôt sur la fortune improductive contre l’avis du gouvernement. Cette taxe ne cible pas seulement les biens immobiliers, mais aussi certains actifs précieux. Sa cible est plus large que l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) instauré par Emmanuel Macron, qui ne taxait que les biens immobiliers. Pourquoi les Insoumis ont-ils voté contre ?
Si la cible est plus étendue, deux problèmes majeurs subsistent avec cette taxe. Premièrement, elle introduit une nouvelle exonération, notamment pour les résidences principales jusqu’à un million d’euros. Deuxièmement, le taux d’imposition est abaissé, passant d’un barème progressif à un plafond d’un pour cent. Si l’objectif est d’élargir l’assiette et d’assurer que chacun paie sa juste part d’impôt, il faut une véritable taxation de la fortune, sans exclure le patrimoine financier. En excluant ces actifs financiers, on laisse de côté les plus grands milliardaires, cités comme Vincent Bolloré et Bernard Arnault, et on ne peut pas parler de justice fiscale, d’autant plus si le taux est réduit. En réalité, ce budget transférera le fardeau sur les plus pauvres pour financer les cadeaux aux plus riches.
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