Les vols visant les cartes Pokémon prennent de l’ampleur, portés par des montants qui peuvent grimper jusqu’à plusieurs milliers d’euros selon les éditions. Des magasins dotés de dispositifs de sécurité renforcés, des transactions sur des plateformes de revente en ligne et une communauté de collectionneurs particulièrement vigilants nourrissent un marché en plein essor, devenu la cible privilégiée de voleurs toujours plus audacieux.
Cette section s’appuie sur une portion de la retranscription du reportage évoqué ci-dessus. Pour visionner l’intégralité, regardez la vidéo.
Un meuble à présentation dont un tiroir a été forcé et vidé. D’après les enregistrements de vidéosurveillance, deux individus s’en prennent aux vitrines et les dévalisent. À l’intérieur, ce ne sont ni des bijoux ni des sacs de prestige, mais des cartes Pokémon. Le montant estimé du butin destiné à être revendu atteint 92 000 euros. Le cambriolage s’est produit durant la nuit du 12 au 13 octobre. Depuis, le propriétaire de la boutique conserve ces cartes des créatures fictives dans des coffres-forts disséminés à plusieurs adresses.
Ces cartes rencontrent un engouement spectaculaire. Sur le marché, leur valeur varie en fonction de la rareté et peut grimper rapidement. « On en possède une, par exemple, qui vaut déjà environ 400 euros. Il n’y a aucune pièce en dessous de 150 euros dans la vitrine. Et la pièce la plus coûteuse qui puisse être envisagée hors de ce magasin est, je crois, autour de 2 000 euros pour l’instant », précise Julien Bourse, propriétaire de la boutique Pika Plasma.
Sous leurs airs ludiques, la boutique est désormais dotée d’un niveau de sécurité très élevé. « Il y a plusieurs caméras, on en voit un paquet. On a des détecteurs de mouvement, une fumigation, et de l’intelligence artificielle qui peut repérer les comportements suspects même en plein jour. Du coup, on se rapproche aussi des zones des bijouteries et des montres de luxe », ajoute le commerçant.
Marché de revente dynamique et collectionneurs en vigilance
Que deviennent les cartes Pokémon dérobées ? Les réseaux sociaux et de nombreux sites facilitent leur achat et leur vente. Dans l’est du pays, nous rencontrons un collectionneur qui préfère rester anonyme pour des raisons de sécurité. Récemment, un vendeur l’a contacté avec une offre qui lui paraissait suspecte : « Il m’envoie d’abord quelques photos des cartes qu’il souhaite vendre. Par exemple, une carte existe en édition française unique ».
Le collectionneur identifie alors des pièces qui avaient été volées quelques jours plus tôt lors d’un rassemblement de passionnés. Plutôt que d’acheter, il décide d’embellir le piège tendu aux voleurs : « On se met d’accord sur un rendez-vous à Nancy, à la gare. Je préviens la police. En cinq minutes, la brigade de Nancy débarque et interpelle les individus qui avaient les cartes sur eux. Ce que nous avons récupéré représente environ 30 000 euros ».
Les cambriolages visant les cartes Pokémon se multiplient. La semaine dernière, à Rennes, un autre magasin a été ciblé, avec un préjudice estimé à 40 000 euros.







