Le chef du gouvernement annonce la création d’un fonds d’aide d’un montant de 11 millions d’euros, conçu pour répondre aux répercussions économiques immédiates.
Le mouvement du monde agricole va-t-il baisser le rideau pendant les vacances de fin d’année ? Les appels à une « trêve des fêtes » se multiplient à la suite du report de la signature de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur. Les organisations agricoles, reçues le vendredi 19 décembre à Matignon, restent divisées quant à la poursuite des blocages pour protester contre la gestion de la dermatose bovine par l’État.
La Coordination rurale (CR), deuxième syndicat agricole, habituée des actions éclairs et moteur du mouvement contestataire avec la Confédération paysanne dans le Sud-Ouest, a demandé à l’issue de sa rencontre à Matignon une période de bienveillance pendant les fêtes, sans toutefois exiger la levée des barrages et en laissant la main aux sections départementales.
Les syndicats agricoles tergiversent
« La population est derrière nous, on ne peut pas se la mettre à dos », a rappelé Bertrand Venteau, président de la CR, qui appelle les agriculteurs mobilisés « à aller se reposer » au moins quelques jours. Il a estimé « une pointe d’espoir de trouver une solution avec le Premier ministre » début janvier pour mettre fin à l’« abattage total des troupeaux » infectés par la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), déclencheur de la colère agricole il y a une dizaine de jours.
La Confédération paysanne, troisième force syndicale, a également perçu des « ouvertures », selon son porte-parole Stéphane Galais, mais a déclaré ne pas pouvoir appeler à lever les blocages sans engagement sur l’arrêt de l’abattage total. Cette option sanitaire fait débat. À la demande du gouvernement, une cellule de dialogue entre éleveurs et scientifiques a été mise en place.
L’exécutif « ne tolérera plus de nouveaux blocages » pendant les fêtes, avait affirmé plus tôt dans la matinée la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon. En milieu d’après-midi, le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez annonçait 93 actions, impliquant un peu moins de 4 000 personnes et 900 engins agricoles. « La priorité, pour nous, c’est vraiment d’éviter les nouveaux blocages d’axes structurants », a-t-il insisté. À sa sortie de Matignon, Arnaud Rousseau, président du premier syndicat agricole, la FNSEA, a également appelé à une « trêve », conditionnée à la réception d’un « courrier » exposant « l’ensemble des intentions » du Premier ministre.
Sébastien Lecornu fixe un nouveau rendez-vous en janvier
Dans ce courrier consulté par l’AFP en soirée, Sébastien Lecornu annonce la mise en place d’un fonds de soutien de 11 millions d’euros « pour faire face aux impacts économiques immédiats » pour les petits exploitants en difficulté. Concernant la levée de l’abattage total, le Premier ministre indique qu’il s’en remettrait aux conclusions des échanges au sein du groupe de dialogue scientifique, soulignant le caractère « totalement inédit » de la situation. « N’éliminer que les bovins présentant des symptômes ferait courir un risque majeur de propagation du virus », écrit-il.
Un nouveau rendez-vous est prévu autour du 8 janvier pour obtenir des « réponses d’ici au Salon de l’agriculture » sur la « crise viticole », la « production », donc l’accès aux pesticides et à l’eau, mais aussi les engrais dont le coût pourrait grimper avec la taxe carbone européenne, a détaillé Arnaud Rousseau. Les Jeunes Agriculteurs (JA), alliés de la FNSEA, ont rejoint l’appel à la trêve. « À la rentrée on va se revoir (…) parce que le compte n’y est pas », a toutefois averti leur président Pierrick Horel.







