Retour sur la une consacrée à notre sémillant ministre du Redressement productif. Marinière, mixer, sourire pincé, tels sont les ingrédients qu’Arnaud Montebourg compte utiliser pour redresser l’économie. Jusqu’à quand nous fera-t-il manger les couleuvres dont il s’empiffre depuis six mois ?
Il ne manquait plus que cela. Après l’adoption de l’ultralibéral TSCG, après les éloges du pétard par un ministre de l’Education, après le choc fiscal annoncé pour les classes moyennes, voilà que notre chevalier postmoderne Arnaud Montebourg s’affiche en une du Parisien Magazine de ce vendredi, posant avec un mixer et arborant une marinière.
S’il souhaitait un « coup de comm’ », il est réussi. S’il souhaitait se montrer digne de l’héritage jaurésien et relancer l’activité industrielle, c’est d’ores et déjà manqué. La niaiserie de son sourire enfantin n’en cache pas moins le ridicule de cette situation. Lui qui devait partir en guerre contre les patrons voyous, lui qui devait se battre pour sauver chaque emploi, lui qui devait relancer l’industrie française, le voici en couverture d’un supplément hebdomadaire, affublé d’un tricot de peau et tenant cet ustensile avec désolation.
Sur cette photo, il n’a ni un regard bienveillant, ni un sourire complaisant. C’est bien pire. Il a le visage de la défaite. Il est à genoux. Si le redressement économique de la France devait passer par la promotion du blender, autant confier son poste à Marie-Ange Nardi qui s’y connaît davantage en téléshopping. Son courage ne lui a finalement servi qu’à finir homme-sandwich du made in France. Amer constat pour cette ancienne figure du Nouveau Parti Socialiste, apôtre de la VIe République et de la démondialisation. Le chevalier servant n’est en fait qu’un vulgaire histrion se noyant dans le ridicule.
Le nouveau spectacle de Guignol
Face à la litanie annoncée des plans sociaux, on lui collait déjà l’étiquette de Don Quichotte alors qu’il n’est en définitive que le Sancho Panza de Pierre Moscovici. Un burlesque écuyer. Cette une illustre à elle seule l’impotence de l’État version Hollande à conjurer les affres de la mondialisation, tout comme elle symbolise le niveau auquel un ministre fantoche estime être obligé de dégringoler pour gagner d’illusoires parts de marché.
Le blender qu’il tient dans les mains est celui dans lequel il a mixé ses idées d’antan.
Notre Pierre Bellemare du socialisme était pourtant plein de promesses, lui qui durant la campagne des primaires socialistes mettait en avant la démondialisation et le protectionnisme raisonné. Sa nomination à Bercy était en fin de compte un piège. Un alibi. On aurait pu s’attendre à sa démission lors de l’adoption du Traité européen qui va à l’encontre de toutes les idées qu’il a mises en avant depuis si longtemps. Foutaises. Le blender qu’il tient dans les mains est celui dans lequel il a mixé ses idées d’antan ; cette marinière est celle d’un matelot constatant que son embarcation est en train de plonger. Montebourg prend l’eau. Bruxelles l’a noyé.
Entre la contre-publicité infligée à la maison Bonnet par sa compagne Audrey Pulvar aux lunettes de luxe et cette piteuse séance de télé-achat photogénique, le CAC 40 et les industriels étrangers peuvent se frotter les mains : le mixer français n’est pas encore prêt de conquérir le monde. D’ailleurs, le coup de grâce est venu de Laurence Parisot, qui a trouvé le petit Arnaud « sexy » dans cette tenue. Elle rigole comme tout le Medef se gondole, eux qui ont ravalé tout un gouvernement au rang de potiches et de marionnettes. Zorro est devenu Guignol. D’Artagnan finit par baiser les mains des Jean Quatremer et d’Alain Minc. Les rois regardent leur bouffon se déguiser et parader dans un carnaval social-libéral, et la pilule est impossible à passer pour ceux qui croyaient en l’énergie de l’ex très-protectionniste Arnaud Montebourg. Sa démondialisation n’était qu’un leurre électoraliste auquel il a songé entre deux séances de brushing.
Son téléshopping dans le Parisien ne fera donc pas oublier ces couleuvres qu’il avale chaque jour avec délectation à Bercy, ce ministère étranglé un peu plus chaque jour par le boa constrictor des puissances financières.