L’accident de cocaïne de Pierre Palmade – qui a entraîné la mort du bébé d’une passagère enceinte – a choqué la France et ravivé les appels à des peines plus sévères pour les conducteurs de drogue
Après un accident qui a choqué la France, les militants appellent le gouvernement à adopter une position plus dure contre la conduite dangereuse liée à la drogue, y compris la création d’un nouveau crime « d’homicide sur la route ».
Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a également appelé les auteurs d’infractions à se voir retirer leur permis. Il a dit le Journal du Dimanche: « Nommer les choses correctement nous permet de reconnaître l’ampleur de ces événements. »
Il a notamment demandé que le mot « involontaire » soit retiré du titre du crime, pour être remplacé par « homicide sur la route » (plutôt que « homicide involontaire » causé par la consommation de drogue ou d’alcool).
M. Darmanin a également déclaré que toute personne qui consomme de l’alcool ou de la drogue avant de conduire devrait se voir retirer 12 points de son permis, ce qui signifierait, en pratique, que son permis est suspendu.
Cela contraste avec les lois actuelles, qui stipulent qu’un conducteur ne peut se faire retirer son permis que pour une deuxième infraction.
M. Darmanin a également déclaré que toute personne qui perdrait ainsi son permis devrait se soumettre à une visite médicale obligatoire et se faire soigner avant de se voir restituer son permis.
Dans un tweet, il a écrit : « Il n’y a pas de drogues récréatives ; seulement des médicaments mortels. Environ 600 personnes meurent chaque année dans des accidents de la route liés à la drogue. Je veux renforcer les sanctions contre les conducteurs qui conduisent sous l’emprise de stupéfiants.
Elle survient une semaine après que l’humoriste Pierre Palmade a causé la blessure grave de trois personnes, dont l’une a également perdu son bébé, après avoir conduit sous l’influence de la cocaïne.
Dominique Courtois, président de l’association nationale des victimes de la route la fédération nationale des victimes de la route, a déclaré : « Les victimes de conducteurs sous l’influence de drogues demandent deux choses : [Firstly] la création de ce délit pour que disparaisse l’insupportable adjectif ‘involontaire’…
« Et [secondly] que les peines de prison prononcées par les magistrats sont effectivement appliquées.
Les victimes disent que les tribunaux sont « trop laxistes » en matière d’infractions liées à la drogue au volant, qui sont en fait à l’origine de 20 % des accidents mortels de la route en France. En 2022, un total de 800.000 contrôles routiers « contre la drogue » ont eu lieu, soit « le double des années précédentes », a indiqué le ministère de l’Intérieur.
M. Darmanin a déclaré: «J’ai ordonné à la police de faire 1 million de contrôles cette année. 16 % des contrôles sur la consommation de drogue au volant sont positifs, contre 3 % de ceux concernant l’alcool.
Qu’est-ce que l’accident de Pierre Palmade ?
Pierre Palmade, 54 ans, est comédien et comédien. Il est connu pour ses luttes contre la toxicomanie.
Le 10 février, il provoque un choc frontal dans le village de Villiers-en-Bière. au sud de Paris, alors qu’il conduisait sous l’effet de la cocaïne.
Trois personnes se trouvaient dans l’autre voiture : une femme enceinte de 27 ans, son beau-frère de 38 ans et son enfant de six ans. Le beau-frère conduisait. Lui et son enfant sont toujours en soins intensifs.
La femme enceinte a perdu son bébé. L’homme de 38 ans est également père de deux autres enfants, dont un bébé de sept mois.
Deux hommes auraient fui la voiture de M. Palmade après l’accident, et ils sont considérés comme des « témoins actuels » du crime. Ils nient avoir pris la fuite après la collision, l’un d’eux affirmant avoir même tenté de prodiguer les premiers soins aux victimes. L’autre a dit qu’il dormait juste avant l’accident.
M. Palmade a été admis en réanimation après l’accident, mais son état s’est depuis amélioré. Il a été placé en garde à vue et est maintenant assigné à résidence via l’utilisation d’une étiquette de cheville électronique. Il suit également un traitement pour toxicomanie à l’hôpital Paul-Brousse.
La famille de ses victimes a demandé qu’il ne reçoive aucun traitement de faveur et a rejeté des excuses anticipées.
Le procureur de Melun a indiqué dans un communiqué que M. Palmade « a reconnu avoir consommé de la cocaïne et des drogues de synthèse avant de conduire » mais « a déclaré n’avoir aucun souvenir précis des circonstances de l’accident ».
La peine qu’il risque est actuellement incertaine, en fonction de l’état éventuel de ses victimes, et des décisions de la police sur ce qu’il est advenu du bébé de la femme enceinte, qui a été accouché par césarienne avant de décéder. La femme devait accoucher en mai.
Il pourrait être accusé d’« homicide involontaire » s’il s’avère que le bébé a survécu, ne serait-ce qu’un instant, après sa naissance. Une autopsie du corps et d’autres investigations sont actuellement en cours.
« Dès qu’un enfant naît et respire, ne serait-ce que pour quelques secondes, après sa naissance par voie naturelle ou par césarienne, il a un statut juridique », a déclaré Olivier Vercellone, avocat toulousain spécialisé dans les infractions routières, à La Dépêche.
« Le bébé est donc considéré comme une personne à part entière. Sur cette base, l’homicide involontaire pourrait être retenu aisément, comme cela a déjà été démontré par la jurisprudence.
S’il est reconnu coupable d’avoir causé la mort du bébé par « homicide involontaire », M. Palmade risque 20 ans de prison, compte tenu notamment de sa longue histoire bien documentée avec la drogue.
Sinon, il risque toujours cinq ans de prison, et 10 ans si ses antécédents en matière de drogue (et les condamnations antérieures connexes) sont pris en compte.
Quelles sont les lois actuelles sur la conduite sous l’effet de la drogue en France ?
Conduire après avoir consommé des drogues, dont du cannabis, de la cocaïne ou du crack, est totalement interdit en France. Peu importe quelle drogue a été consommée; la loi ne fait pas de différence.
De même, si le test se révèle positif au moment de l’accident de la route, la loi ne se soucie pas de savoir si la drogue a été consommée aujourd’hui ou la semaine dernière, ou si la consommation de drogue est régulière ou peu fréquente.
Actuellement, les délits de conduite liés à la drogue sont sanctionnés par le retrait de six points du permis, et la suspension automatique de votre permis pendant trois jours.
En cas d’accident lié à la drogue causant des blessures ou la mort, un conducteur séropositif risque :
- Suspension du permis jusqu’à trois ans, quel que soit le nombre de points restant sur le permis
- Annulation du permis et éventuelle interdiction de le reprendre pendant trois ans
- Obligation de suivre un cours de sensibilisation à la sécurité routière
- Obligation de suivre une formation de sensibilisation aux dangers de l’usage de stupéfiants
Les infractions graves peuvent également être punies de peines de prison et de lourdes amendes, dont un minimum de deux ans de prison et 4 500 € d’amende.
S’il est reconnu que le conducteur a causé un accident grave et des lésions corporelles, il risque sept ans de prison et 100 000 € d’amende, et jusqu’à 10 ans et 150 000 € si l’accident est mortel.
Le risque d’accident mortel au volant double si le conducteur a consommé de la cocaïne, et, si le conducteur a pris de la drogue et bu de l’alcool, le risque est multiplié par 29, rapporte Actu.fr.