Inspiration. Fleur Pellerin, responsable du pôle économie du numérique de Flançois Ier, a calqué la campagne web de son poulain sur celle d’Obama. Fleur fréquente les réseaux estampillés “diversité”. Une des seules compétentes de l’équipe, avec Hakim El Karoui, perdue au milieu d’une horde d’arrivistes et d’entrepreneurs identitaires, “membres fondateurs” de ce que Laurent Bouvet appelle “la gauche identitaire“…
Terra Nova, Montaigne et le Siècle…
S’inspirer de la com web d’Obama, donc. Avec des gens proches de l’Institut Montaigne, de Terra Nova, du Siècle… Vous êtes vous déjà promené sur le site d’Obama ? C’est beau. Par acquit de conscience, on va tout de même regarder d’un peu plus près ? Oui là, l’onglet groupe. Voilà. Et dedans ? Un programme pour les juifs, pour les noirs, pour les jeunes, pour les gays, pour les femmes, etc. Bon. Comme je l’ai déjà dit là, une société communautariste, c’est une société raciste régulée par un État de droit. Une preuve ? Les plus grands pays communautaristes sont tous d’anciens pays esclavagistes et/ou ségrégationnistes. États-Unis, Brésil, Afrique du sud… Paradoxe : ce sont aujourd’hui ces pays que louent nos élites pour leur “mixité”, leur “meltingpot”, leur “métissage”…
Obama m’est sympathique. J’ai, comme toi, et toi, et toi, versé ma larme le soir de son élection, en écoutant en pleine nuit son discours de victoire. Le candidat républicain américain sera effectivement toujours pire que son rival démocrate (pour le peuple américain et pour le monde dans son ensemble). Mais est-ce suffisant pour se voiler la face ?
Brève histoire de politique impériale…
Le traitement des communautés de façon différenciée n’a rien de nouveau, c’est une politique classique des régimes impériaux : empire Ottoman, empire austro-hongrois, empire colonial anglais, et, dans une moindre mesure, Français… Premier point commun entre ces empires : ils furent gérés par des élites supranationales, ayant dépassé leurs identités originelles pour se mettre au service de l’empire. Second point : chacun de ces ensembles ont chuté sur la question des libertés politiques, autrement dit du pouvoir populaire (toute ressemblance avec l’Union Européenne n’est pas fortuite). Dans un contexte impérial, les politiques de diversité, sont avant tout un moyen de réguler ethniquement des problèmes socio-économiques, pour ne pas avoir à les régler effectivement. Ces politiques n’ont rien de révolutionnaires, et pour cause, c’est avec elles que l’Angleterre ou la France régissaient leurs Empires, et c’est avec elles que la famille Bongo règne sur le Gabon depuis plus de 50 ans… En y maintenant la paix (l’argument de la paix vous rappelle quelque chose ?). L’élection d’Obama est le véritable aboutissement de cette politique de maquillage ethnique des enjeux socio-économiques : comment se plaindre de la condition des noirs (et des blancs) pauvres, lorsqu’un noir a accédé à la plus haute marche du pouvoir ? Pourtant, certains pauvres -en majorité noirs- vivent sans électricité et sans eau courante dans le Mississipi, par exemple…
Obama, Dark Vador, Gordon Gekko…
Au cours des 30 dernières années, les inégalités économiques n’ont cessé de progresser dans des pays comme la France, les Etats-Unis, le Royaume-Uni ou même le Canada. Et plus l’inégalité gagnait du terrain, plus les élites ont promu la diversité. Pourquoi? Simple. Enfantin. On tente de faire accepter le fossé grandissant entre les riches et les pauvres en mettant en scène la diversité ethnique des riches. En mettant en scène la résorption d’une inégalité visible, on tente de faire oublier la véritable inégalité qui sous-tend toutes les autres, l’inégalité économique. Peut-on imaginer la frustration d’un jeune blanc pauvre, issu d’une famille white trash, lorsqu’on lui refuse l’inscription dans une université pour des quotas raciaux? L’essentiel est là: les riches blancs ne sont jamais victime de la discrimination positive, et les pauvres noirs n’en sont que très rarement bénéficiaires… Du point de vue de la justice économique, Obama, c’est Alain Minc, en noir. Mais voilà le grand truc des “gaucheux”: depuis le tournant libéral de 83, ils s’accrochent aux branches des “combats sociétaux” (SOS racisme est créé moins d’un an après le tournant libéral, en 84), pour se sentir différent d’une droite dont ils ont adopté l’essentiel de la vulgate économique… Voilà pourquoi la gauche aime Obama.
La diversité n’est pas l’ennemie du libéralisme, elle est l’une de ses principales armes. Sciences Po (RIP Descoing), L’Institut Montaigne et Terra Nova savent bien qu’une élite diversifiée est une élite plus heureuse, plus auto-satisfaite (encore moins susceptible de se remettre en cause?). Ce n’est donc pas à cette gauche que je m’adresse. S’il reste de vrais socialistes, qu’ils sachent que l’inégalité n’a jamais produit de l’égalité (et ça, ce n’est pas près de changer…). On ne transige pas avec le libéralisme, on le combat. C’est cela, être réaliste. Obama, c’est Gordon Gekko avec un masque.