Le gouvernement français a été secoué cette semaine par un coup de théâtre inattendu : près d’une vingtaine de députés de droite ont voté une motion de censure visant à renverser l’exécutif. Cette décision intervient cinq jours après l’utilisation controversée de l’article 49.3 pour forcer l’adoption d’un projet de loi. Les députés qui ont voté la motion de censure appartiennent au groupe Les Républicains, qui compte 61 élus à l’Assemblée nationale. Cette fronde de la droite constitue un revers important pour le Premier ministre, qui doit faire face à un certain nombre de défis politiques majeurs.
Des députés du groupe Les Républicains (LR) ont voté pour une motion de censure transpartisane déposée par le groupe Liot et cosignée par des députés de la Nupes, après le 49.3 dégainé par le gouvernement pour passer en force sur la réforme des retraites. 19 parmi les 61 députés représentants LR au Palais Bourbon ont ainsi voté, bien que le nombre ne soit pas suffisant pour obliger le gouvernement à démissionner. Cependant, il est bien plus important que les informations de ces derniers jours ne le laissaient présager. Ce scrutin témoigne surtout des profondes divisions qui traversent le groupe Les Républicains à l’Assemblée depuis le début de l’examen de ce projet de loi. Le petit groupe du député Aurélien Pradié, ex-numéro deux du parti, et qui a mené la fronde à droite sur la réforme des retraites, a d’ailleurs voté la motion de censure. La députée de la Drôme, Emmanuelle Anthoine, qui était encore incertaine au moment du vote, a finalement franchi le Rubicon. Même chose pour le député de la Loire, Dino Cinieri, qui était lui aussi incertain. Ces votes vont à l’encontre de la ligne officielle du parti. Le patron des Républicains, Eric Ciotti, avait annoncé dès jeudi que sa formation politique ne voterait « aucune » des motions de censure, pour ne pas « ajouter du chaos au chaos » après le passage en force du gouvernement via le 49.3. Dans Le Figaro, le patron du groupe Les Républicains à l’Assemblée, Olivier Marleix, avait aussi appelé ses collègues à la « responsabilité » en estimant que ceux qui voteront une motion « vont servir la soupe à Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen ». Reste maintenant à savoir quel sort sera réservé à ces « frondeurs ».