D’après les déclarations du président de la commission d’enquête parlementaire et de l’avocat de la famille du nationaliste corse, un signalement aurait été fait par une surveillante de prison la veille de l’agression qui a conduit à la mort du détenu. Cependant, il semblerait que ce signalement ait mystérieusement disparu d’un logiciel réservé à l’administration pénitentiaire. Néanmoins, les magistrats du Pnat, en charge de l’enquête, affirment que cette alerte n’a jamais été renseignée. Le manque de fiabilité des informations fournies par les autorités pénitentiaires est ainsi pointé du doigt, suscitant des inquiétudes quant à la transparence des investigations menées sur cette affaire.
Le Parquet National Antiterroriste (PNAT) a donné sa première réaction officielle sur l’attitude de l’administration pénitentiaire, en relation avec l’assassinat d’Yvan Colonna. Les magistrats considèrent qu’il n’y a pas de preuve de l’existence d’un effacement de données sensibles, une thèse avancée par une commission d’enquête parlementaire ainsi que l’avocat de la famille d’Yvan Colonna.
Yvan Colonna, détenu condamné à perpétuité pour l’assassinat du préfet Claude Erignac en 1998, avait été violemment agressé par un autre détenu dans la prison d’Arles le 2 mars 2022 et est décédé le 21 mars suivant.
La semaine dernière, le président de la commission d’enquête parlementaire, le député nationaliste de Haute-Corse Jean-Félix Acquaviva, a laissé entendre qu’une alerte survenue la veille de l’agression avait été sous-estimée par l’administration pénitentiaire. Une surveillante aurait en effet entendu Franck Elong Abé, principal suspect de l’agression, dire « Je vais le tuer » avec deux autres détenus, mais cette alerte aurait été effacée volontairement après l’agression d’Yvan Colonna.
Cependant, le PNAT a démenti cette hypothèse de l’effacement. Selon les magistrats, la surveillante n’a jamais déclaré avoir renseigné le fichier, donc les données sur la discussion des trois détenus ne pouvaient pas avoir été effacées.
Les investigations judiciaires se poursuivent pour découvrir si l’agresseur a pu être manipulé. Les juges d’instruction ont demandé la levée du secret-défense pour vérifier si Franck Elong Abé était une source référencée du renseignement pénitentiaire, une thèse avancée par la famille d’Yvan Colonna et la commission d’enquête parlementaire.