Le reporter du « Canard Enchaîné » a subi une suspension par sa hiérarchie, qu’il reproche d’utiliser un emploi fictif. « Cela ne correspond pas à nos principes », a déclaré Christophe Nobili, lundi sur 42mag.fr, quatre jours avant son entrevue préliminaire en vue d’un licenciement.
Christophe Nobili, le journaliste qui avait révélé l’affaire des emplois fictifs du couple Fillon, accuse la direction du Canard Enchaîné de financer un emploi fictif. Il a été mis à pied et risque d’être licencié. « C’est plus qu’une désillusion pour moi, mais c’est ma maison et je resterai dans ce journal », déclare le journaliste le 3 avril sur 42mag.fr. Son livre « Cher Canard » est paru le 8 mars dernier chez JC Lattès.
Franceinfo : Vendredi 7 mars, vous aurez un entretien préalable au licenciement, vous le redoutez ou c’est l’occasion de parler franchement avec votre direction ?
Christophe Nobili : On s’est déjà parlé franchement avec ma direction, mais elle ne m’a pas donné de réponse claire. Lorsqu’on va voir les dirigeants du Canard Enchaîné et qu’on leur explique qu’on a payé pendant 25 ans une dame déclarée comme rédactrice, alors que l’on sait qu’elle n’a jamais écrit la moindre ligne et qu’on vous répond qu’elle lisait la presse à son mari qui dessine pour le journal et que c’est pour ça qu’elle était rémunérée, quand on vous explique qu’elle était un peu son assistante, comme l’était une célèbre assistante auprès de François Fillon, je pense que ça n’est pas très franc. Pas avec les valeurs qui sont les nôtres, avec les leçons que l’on donne à tout le monde.
On vous a dit de ne pas le dire ?
Il y a eu toute une réaction en chaîne de déni, des personnes qui ont poussé à ce qu’on ne parle pas de cette affaire. Le lendemain de cet entretien, en mars 2022, il ne s’est absolument rien passé. On n’a jamais vu non plus cette dame venir démentir.
« Il y a un culte des chefs, ce poids du secret, c’est tout ce que l’on dénonce. »
Christophe Nobili sur 42mag.fr
Quelle est l’issue ?
Je suis mis à pied avec privation de salaire. C’est extrêmement brutal. On m’empêche d’aller à mon bureau. C’est aussi une mesure destinée à intimider mes soutiens. Je suis mis au pilori par ma direction pour des écrits, au Canard Enchaîné ! C’est plus qu’une désillusion pour moi. Je suis venu dans ce journal il y a 20 ans pour défendre des valeurs. C’est ma maison, je n’ai rien à me reprocher. Oui, c’est dur d’aller au journal, oui, c’est parfois surréaliste de se trouver dans des réunions de rédaction où l’on parle d’affaires supposées d’emplois fictifs sur Fabien Roussel ou le couple Ciotti à Nice et où tout le monde regarde ses chaussures. Il y a un culte des chefs, ce poids du secret, c’est tout ce que l’on dénonce.
Si on vous propose un accord à l’amiable ?
Absolument pas. Je ne négocierai pas. Je suis en train de défendre un modèle et des valeurs. Je regrette que certaines grandes plumes du Canard Enchaîné soutiennent la direction. C’est ma maison et je resterai dans ce journal.







