Des informations concernant l’emploi controversé du fonds Marianne suscitent des débats houleux. Cette somme de deux millions d’euros, mise en place suite à l’assassinat de Samuel Paty et initiée par Marlène Schiappa, a pour objectif d’aider les projets luttant contre la radicalisation islamiste sur le web. Une organisation spécifique attire particulièrement l’attention des investigateurs.
La famille de Samuel Paty demande des éclaircissements concernant les révélations faites sur le fonds Marianne. Ce fonds, créé le 20 avril 2021 par Marlène Schiappa, ancienne ministre déléguée chargée de la Citoyenneté auprès du ministre de l’Intérieur, a pour objectif de soutenir la lutte contre la radicalisation islamiste sur Internet, notamment suite au meurtre de Samuel Paty. Pourtant, une enquête menée conjointement par L’Œil du 20 heures de France 2 et le magazine Marianne, parue fin mars, met en lumière des utilisations douteuses de la somme de près de deux millions d’euros allouée au fonds.
Parmi les 17 associations concernées par cette affaire, l’Union des sociétés d’éducation physique et de préparation au service militaire (USEPPM) est particulièrement visée. Ayant reçu au printemps 2021 une subvention publique de 266 000 euros selon ses anciens dirigeants, elle s’était engagée à produire un contre-discours républicain en ligne face à la propagande islamiste, via la plateforme numérique iLaïc. Cependant, l’enquête de France Télévisions et de Marianne révèle que les deux dirigeants de l’USEPPM, son président et son administrateur, se sont frauduleusement rémunérés sur ce fonds à hauteur de 120 000 euros, sans que la réalité de leur travail ne soit établie. Des membres du bureau de l’association soupçonnent un détournement et ont décidé de saisir la justice, avec leur avocat Cyril Fergon. Une enquête de l’Inspection générale de l’administration et un signalement au Parquet de Paris ont été lancés à ce sujet.
L’un des deux dirigeants de l’association mis en cause, Mohamed Sifaoui, a choisi de s’exprimer sur 42mag.fr pour contester ces accusations. Connu pour ses prises de position contre l’islamisme et bénéficiant d’une protection policière, l’ancien administrateur et caution intellectuelle de l’USEPPM affirme avoir touché 39 000 euros nets pour onze mois de travail réel en tant que conseiller éditorial sur le projet, et avoir signé un contrat en conformité avec la loi. Il ajoute que tous les éléments sont à la disposition de la justice.
Le gouvernement est embarrassé par cette affaire. Dans un communiqué publié le 7 avril, Marlène Schiappa nie toute complaisance ou favoritisme dans cette affaire. Toutefois, selon Virginie Leroy, l’avocate de la famille de Samuel Paty, la ministre doit surtout justifier du suivi de l’utilisation de ces fonds publics, notamment sur des sujets aussi sensibles. D’après Marlène Schiappa, des contrôles ont bien été effectués auprès des 17 associations bénéficiaires du fonds Marianne, et seule l’USEPPM ferait l’objet d’une enquête de l’Inspection générale de l’administration.