Le prix actuel du sans plomb 95 en France est environ 6 % plus cher qu’avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie
Les prix de l’essence en France sont toujours plus élevés qu’avant la guerre en Ukraine malgré des baisses dans de nombreux autres pays européens.
En moyenne, le prix actuel du sans plomb 95 en France est parmi les plus chers de l’Union européenne, à près de 1,90 € le litre, selon les chiffres du ministère de l’Ecologie.
C’est environ 6% plus cher qu’avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie (ce qui a provoqué une hausse des prix immédiatement après).
Il est également considérablement plus élevé que le prix moyen de 1,79 € dans l’ensemble de la zone euro, montrent les chiffres publié par la Commission européenne.
Hors taxes, le prix en France est de 0,90 € le litre, contre 0,79 € en Italie et 0,86 € en Espagne.
Pourquoi est-ce? Les experts ont suggéré un certain nombre de raisons.
Contrecoup de grève
Les prix de l’essence en France ont été affectés par les conséquences des grèves contre la réforme des retraites, a affirmé Francis Pousse, président du syndicat professionnel des stations-service Mobilians.
Il dit La Dépêche que « le blocage et la fermeture des raffineries » avaient contraint le pays à acheter du carburant hors de France.
Il a déclaré : « Habituellement, nous sommes autosuffisants en ce qui concerne le carburant sans plomb. Mais dans ce contexte social, il fallait le trouver d’ailleurs. À ce moment-là, nous sommes tenus d’accepter le prix fixé par les fournisseurs.
Un avis partagé par Olivier Gantois, président du syndicat pétrolier UFIP (Union française des industries pétrolières) Énergies et Mobilités.
Il a dit AFP: « En mars, nous avons eu des surcoûts de distribution lors de la fermeture des raffineries car il fallait aller chercher du carburant ailleurs pour approvisionner les stations-service. »
Cependant, M. Gantois a déclaré qu’il n’était pas sûr que ce facteur continue d’être un problème.
Il a déclaré: « Depuis plusieurs semaines, les raffineries redémarrent, donc je ne pense pas que ces surcoûts soient entièrement liés aux grèves. »
Consommation de biocarburant
Les conducteurs en France utilisent proportionnellement plus de SP95-E10 que dans les autres pays. Ce carburant contient 8 à 9 % de biocarburant et le prix de celui-ci a explosé ces derniers mois.
« En France, nous avons 8 à 9% de biocarburant dans l’essence et le diesel », a déclaré M. Gantois. « En raison de la guerre en Ukraine et des tensions sur le marché agricole, le prix des produits agricoles a considérablement augmenté. ».
Certificats d’économie d’énergie
Les certificats d’économies d’énergie (CEE) pourraient constituer une autre explication du surcoût de l’essence en France.
Il s’agit d’un régime environnemental français, qui prélève une taxe sur l’essence, payée par les compagnies pétrolières. Celle-ci est destinée à contraindre « le distributeur de carburant à faire économiser de l’énergie à ses clients », a précisé M. Gantois.
Pourtant, cette taxe a récemment été augmentée de 2 centimes par litre, a déclaré M. Pousse, ce qui « s’est inévitablement répercuté à la pompe ».
Marges du vendeur
La dernière pièce du puzzle pourrait être les marges réalisées à la pompe par les distributeurs – principalement les supermarchés avec stations-service.
Dominique Schelcher, le patron de Système U – qui compte le plus grand nombre de stations-service de supermarchés de toutes les grandes enseignes de la distribution – a déclaré à BFMTV qu’une partie des hausses de prix était due à la « reconstitution des marges » par la chaîne de supermarchés.
Il n’essaie plus de faire baisser les prix du carburant dans ses stations-service, a-t-il dit, en partie pour récupérer les pertes dues à la hausse des prix.
L’association de consommateurs CLCV (Consommation Logement Cadre de vie) a dénoncé mercredi 10 mai ce qu’elle a qualifié de « marges explosives » chez les distributeurs, notamment pour le sans plomb 95 et le diesel.
Il a menacé de consulter les « autorités compétentes » sur la situation « si les marges ne reviennent pas à la normale d’ici l’été ». Il a déclaré que «les distributeurs ont pris des marges très élevées au cours des quatre derniers mois… pour récupérer les pertes» du deuxième trimestre 2022.
Et malgré les commentaires précédents de M. Schelcher, FranceInfo a déclaré que lorsqu’il a interrogé des représentants d’Intermarché, de Leclerc et de Système U, ils ont déclaré que les prix élevés étaient dus aux compagnies pétrolières.
Un représentant a déclaré que le secteur n’avait « aucun intérêt à faire des marges sur le carburant car c’est un produit qui attire les clients au supermarché ». Ils ont réfuté l’idée qu’il y ait eu un quelconque accord d’augmentation de marge et ont déclaré qu’« au contraire, la concurrence est forte sur le terrain ».