Une affaire judiciaire très médiatisée a récemment montré à quel point les dashcams peuvent être utiles, mais la réglementation française ne sait pas si elles peuvent être utilisées comme preuve
Les ventes de dashcams commencent à décoller en France, la plupart des magasins de pièces détachées proposant des modèles à partir de 50 €, mais leur utilisation tombe dans une zone grise légale.
Les chiffres exacts sont difficiles à obtenir, mais une enquête de 2015 a estimé qu’il y avait au moins 300 000 dashcams achetées en France cette année-là.
Il n’est désormais plus rare de voir des caméras dans des voitures garées dans la rue, même dans les petites villes rurales.
Certains ont même des fonctionnalités qui déclenchent la caméra si quelqu’un se trouve à proximité de la voiture garée ou si la voiture est touchée par un autre véhicule.
Les images sont généralement envoyées au smartphone du propriétaire, où elles peuvent ensuite être stockées.
Preuve de la caméra embarquée
Des preuves Dashcam ont été recueillies par la police dans l’horrible accident frontal où une voiture conduite par l’acteur et comédien Pierre Palmade a heurté une voiture avec une famille à l’intérieur, causant de graves blessures et une femme enceinte de sept mois a perdu son bébé.
Une caméra de tableau de bord installée sur la voiture de quelqu’un qui s’est arrêté pour aider a enregistré deux jeunes hommes qui se trouvaient dans la voiture de Palmade en train de s’enfuir.
Deux suspects ont ensuite été arrêtés après le lancement d’une chasse à l’homme.
Palmade, qui a été grièvement blessé, s’est avéré être sous l’influence de la cocaïne à l’époque, et a été placé en détention à l’hôpital.
La France a des lois très strictes sur la vie privée, et parmi elles se trouve une loi qui stipule que s’il est légal de filmer ou de photographier des personnes dans des espaces publics en France, vous ne pouvez pas utiliser les images sans le consentement exprès de toutes les personnes susceptibles d’être identifiées, soit par leurs caractéristiques ou par la voiture qu’ils conduisent.
Évidemment, les personnes qui ont enregistré quelqu’un entrant dans leur voiture, ou filmé un autre conducteur agressif envers eux, voudront utiliser les images, mais cela peut être compliqué.
Offre de réduction d’assurance supprimée
Il y a quelques années, la compagnie d’assurance allemande Allianz, très présente sur le marché français, proposait une réduction aux clients utilisant des dashcams.
Maintenant, la société semble avoir retiré l’offre.
Il n’est pas disponible sur son site internet et n’a pas répondu aux demandes d’informations répétées.
De même, le constructeur automobile Citroën, qui propose des dashcams en option montées en usine sur les nouveaux modèles C3 et C4, est resté silencieux lorsqu’on lui a demandé comment les images qu’ils enregistrent pourraient être utilisées.
La commission de l’informatique et des libertés de la CNIL a déclaré La connexion il n’y avait pas de législation spécifique les concernant mais elle « déconseillait fortement » aux gens de ne pas les utiliser.
« En attendant que le gouvernement ou le parlement proposent des lois régissant leur utilisation, nous sommes vigilants sur la question et avons mené des exercices juridiques au sein de la CNIL en envisageant différents scénarios », a-t-il déclaré.
« En conséquence, nous déconseillons vivement aux taxis, aux véhicules avec chauffeur (VTC) et aux particuliers de ne disposer d’aucun appareil enregistrant, même partiellement, les espaces publics. »
Rapport expérience de lecture
Rapport Le lecteur Patrick McCormick avait des caméras de tableau de bord avant et arrière lorsqu’il a été victime d’un incident de rage au volant.
Un conducteur de camionnette l’a d’abord talonné sur plusieurs kilomètres sur une route étroite, puis l’a dépassé, s’arrêtant sur la route, courant vers lui et cognant sur le côté de sa voiture.
« Malheureusement, il s’est avéré que la caméra arrière ne fonctionnait pas à cause d’une micro carte corrompue », a-t-il déclaré.
« J’avais les images de devant, mais au final je n’en ai rien fait parce que quand j’ai regardé, il ne semblait pas clair si elles étaient légales ou non. C’est quelque chose que j’aimerais que les autorités françaises fassent quelque chose, parce que c’est idiot d’avoir une technologie disponible et d’hésiter ensuite à pouvoir l’utiliser.
« Je sais qu’au Royaume-Uni, il existe un système où vous pouvez télécharger des images pour la police sur le Web, et ils ont également accès aux dashcams utilisées par les compagnies d’assurance, qui offrent des réductions aux clients qui en ont. »
Le journaliste automobile français Jean-Luc Moreau a enquêté sur leur utilisation pour la radio RMC.
Doit déclarer la caméra
« Si vous êtes dans un accident où un autre conducteur est en faute, pour être strictement dans la légalité, vous devez leur dire tout de suite que vous avez une caméra et que l’incident a été filmé », a-t-il déclaré.
« Il faut ensuite transmettre au plus vite les images à l’autre conducteur, et aussi à la police si elle est impliquée, car si vous attendez, on présume que vous avez manipulé les images.
« Évidemment, la meilleure façon de le faire est de passer par votre avocat ou votre compagnie d’assurance, mais il faut être rapide et il n’est pas toujours facile d’obtenir des informations personnelles pour pouvoir envoyer les images. »
Il a dit que si quelqu’un vous dit que vous avez été enregistré, vous pouvez dire que vous ne donnez pas votre consentement pour que les images soient utilisées si vous pensez que vous pourriez être en faute.
« Mais si vous avez le droit de vous opposer aux images, qui peuvent ou non aider votre cas auprès de la compagnie d’assurance, les tribunaux ont également le droit d’utiliser les images recueillies comme preuves contre vous, si elles leur sont présentées par les autorités .”