Au cours de la réunion du Conseil des ministres, le chef de l’État a considéré que l’on « ne lutte pas contre l’extrême droite en utilisant les termes des années 1990 ».
Un désaccord sur la façon de lutter contre l’extrême droite au sein de la majorité française crée une gêne parmi les membres du gouvernement. Le 30 mai, lors du Conseil des ministres, Emmanuel Macron a déclaré qu’il ne fallait pas combattre l’extrême droite avec « des arguments moraux » et qu’il ne fallait pas « combattre l’extrême droite avec les mots des années 90 ». Ces mots étaient adressés à Élisabeth Borne, la Première ministre, qui avait déclaré quelques jours auparavant que le Rassemblement national était « l’héritier de Pétain ».
Les cadres de la majorité ayant du mal à choisir entre rappeler les origines du RN, comme le fait Borne, ou suivre l’avis du président, Aurore Bergé, la patronne des députés Renaissance, a tenté d’équilibrer le débat. Selon elle, bien qu’il existe une filiation historique entre le RN et le régime de Pétain, il est essentiel de démontrer que la politique actuelle est efficace pour éviter de futurs recours à l’extrême droite.
Un clivage stratégique fait maintenant surface au sein de la majorité. Certains membres soutiennent la position d’Élisabeth Borne et d’autres celle d’Emmanuel Macron. Les députés de gauche saluent les propos de la Première ministre, tandis que d’autres affirment que la population attend des propositions concrètes pour lutter contre le RN.
Au Rassemblement national, on se réjouit de la déclaration d’Emmanuel Macron. Non seulement cela affaiblit Élisabeth Borne, mais certains y voient également un aboutissement de la stratégie de dédiabolisation du parti. Les membres de la gauche critiquent le président et la Première ministre, les accusant de banaliser le RN et d’ignorer les interrogations sur sa politique économique et sociale.