Lundi, les autorités françaises et belges ont procédé à l’arrestation de dix-neuf individus, accusés d’avoir commis des fraudes en usurpant l’identité de policiers, de gendarmes et de magistrats. Ces délinquants auraient envoyé des centaines de milliers de faux courriers de convocation, dans le but de tromper les internautes et de les inciter à consulter des images à caractère pédopornographique. Ces méthodes illégales et répréhensibles ont finalement été mises au jour grâce à une intervention conjointe des forces de l’ordre des deux pays.
Un important coup de filet a eu lieu dans une affaire d’escroquerie liée à de fausses convocations judiciaires en France et en Belgique. Dix-neuf personnes ont été interpellées, dont dix-huit en Île-de-France, à Nantes, au Mans, Toulouse, Sens (Yonne), Orléans et Nice, et une en Belgique, selon un communiqué de la gendarmerie et de la police publié le vendredi 23 juin.
Ces individus sont soupçonnés d’avoir envoyé des milliers de fausses convocations par mail, prétendant être des convocations judiciaires pour consultation de sites pédopornographiques, dans le but de réclamer ensuite de l’argent. Des sommes importantes, allant de 1 400 à 90 000 euros, auraient été extorquées, pour un montant total de 3,3 millions d’euros.
Il est difficile de savoir combien de victimes ont effectivement payé. Environ 400 plaintes ont été déposées, mais des centaines de milliers de mails ont été envoyés, signés par des hauts gradés de la police, de la gendarmerie et de la justice, qui ont usurpé leurs identités.
Ce type d’escroquerie a parfois eu des conséquences fatales pour les victimes. Les escrocs envoyaient des messages alarmistes, faisant croire aux internautes qu’ils avaient été surpris en train de consulter des images pédopornographiques en ligne. Au moins six personnes se sont suicidées suite à de fausses accusations de ce genre. Il n’est pas encore possible d’établir un lien formel entre ces suicides et l’escroquerie, mais des enquêtes ont été ouvertes. Par exemple, l’une des victimes a payé une « amende » de près de 6 000 euros, puis les usurpateurs lui ont réclamé 7 000 euros supplémentaires, ce qui a provoqué sa panique et son suicide.
En début d’année 2021, une campagne de phishing a inondé toute la France, ce qui a conduit à l’ouverture d’une enquête par la section spécialisée dans la cybercriminalité du parquet de Paris. Les policiers de l’Office central de lutte contre la cybercriminalité (OCLCTIC), les gendarmes de la section des recherches (SR) de Versailles, ceux du ComCybergend et la Brigade de recherches de Nice ont été chargés de ces investigations, avec le soutien de l’agence européenne de police Europol. En juin 2022, la plateforme de signalements Pharos avait reçu 150 000 signalements liés à cette escroquerie.
Quinze des dix-neuf suspects seront jugés devant un tribunal correctionnel, a annoncé le parquet de Paris, sans préciser la date de l’audience. Les enquêteurs ont découvert que l’argent escroqué transitaient par de faux comptes avant d’être envoyé à l’étranger, notamment en Côte d’Ivoire. La majorité des mails ont été envoyés depuis ce pays.
Les enquêteurs n’ont pas identifié de réseau structuré, mais plutôt un modus operandi utilisé massivement par plusieurs individus isolés. Depuis, d’autres escroqueries ont fait leur apparition, tels que de fausses réclamations d’amendes ou des offres frauduleuses de réparation informatique.