La riposte ukrainienne requiert une « quantité de soldats bien plus importante que les forces russes pour pouvoir reprendre du terrain ». Cependant, d’après l’ex-chef de gouvernement interviewé mercredi sur France Inter, Kiev ne dispose pas des capacités logistiques indispensables.
« Le défi ukrainien concerne quelque chose de bien plus grand que l’Ukraine seule : en particulier, la sécurité des Européens », a déclaré Dominique de Villepin, l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac, sur France Inter le mercredi 21 juin. L’ancien ministre des Affaires étrangères soutient également que « la question n’est pas de ménager les Russes, mais de parvenir à une paix durable ».
Afin de parvenir à cela, Dominique de Villepin exhorte la communauté internationale à « tenir compte de la situation du perdant afin qu’il n’ait pas l’opportunité naturelle et spontanée de nourrir un esprit de vengeance ou de ressentiment ». Il fait référence à l’Allemagne et aux deux guerres mondiales. Il souligne que « la Russie continuera à faire partie de l’Europe et d’un ensemble géopolitique avec lequel il faudra compter ».
La maîtrise de l’air « toujours entre les mains de la Russie »
Dominique de Villepin estime également « très important » l’enjeu de la contre-offensive menée par l’Ukraine contre les troupes russes. Cette contre-offensive suppose cependant que l’Ukraine dispose d’un « nombre de troupes beaucoup plus important que les forces russes pour pouvoir reprendre le terrain ». Or, selon l’ancien ministre, Kiev n’a pas forcément les moyens logistiques nécessaires pour identifier « très rapidement la faille » et réaliser une percée sur les fronts russes. « En matière aérienne, cela reste insuffisant et la maîtrise de l’air reste entre les mains de la Russie », observe Dominique de Villepin.
Ce constat devrait « alerter les Européens et les Américains sur le fait que nous ne devons pas être dans la situation d’apporter trop peu, trop tard », insiste Dominique de Villepin. Il estime donc que « la stratégie ukrainienne doit s’aligner sur les moyens dont dispose l’Ukraine ». « Il est important de réfléchir de manière stratégique avec les Ukrainiens sur les moyens nécessaires pour réussir la percée du front, maintenir la pression sur Vladimir Poutine et ne pas relâcher l’effort », ajoute l’ancien ministre des Affaires étrangères.