Plusieurs organes de presse internationaux se montrent très vigilants quant aux développements en France consécutifs au décès de Nahel. Ils mettent en exergue un contexte « bouillonnant » et un tout nouvel « enjeu » pour le président Emmanuel Macron.
Trois jours après le tragique décès de Nahel, un adolescent de 17 ans tué par un tir de police à Nanterre, la France se retrouve sous les projecteurs médiatiques. Pour la troisième nuit consécutive, des bâtiments publics ont été vandalisés, des magasins pillés et des voitures incendiées. Les forces de police ont eu à arrêter 667 individus, d’après un tweet du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui qualifie les événements d' »extrêmement violents ».
Ces émeutes placent le gouvernement, et plus particulièrement le ministre de l’Intérieur, sous pression. Elles surviennent à un an des Jeux Olympiques de Paris en 2024 et sont suivies de près par de nombreux médias internationaux.
L’inquiétude grandissante de l’Europe face au « volcan français »
Les événements en France font la une du site internet du quotidien britannique The Guardian : il évoque des « rapports sociaux fracturés » et une « défiante méfiance envers la police ». Le journal anglais affirme également que ces émeutes sont principalement le fait de ceux qui se sentent ignorés : « La colère est cumulative ». Le quotidien suisse Le Temps partage cette analyse, voyant ces émeutes comme une « accumulation de colères » : celle des Gilets jaunes, celle des banlieues des grandes villes et celle générée par la réforme des retraites.
La mort filmée du jeune homme a « ravivé de profondes divisions dans le pays », rapporte le quotidien espagnol El Païs, l’un d’entre eux étant la fracture sociale existante dans les banlieues françaises. La Vangardia évoque, quant à elle, l' »éruption du volcan français ».
Une « situation électrique » en Belgique
« Malgré la rapidité de l’enquête, l’esprit des gens ne s’est pas apaisé » et l’atmosphère demeure « explosive », rapporte Le Soir, un média belge. Les émeutes ont même gagné du terrain jusqu’à Bruxelles. La Libre, un autre média belge, parle d’une « situation électrique » dans le quartier Anneesens où une « forte présence policière » est constatée. Selon la police, « des messages ont circulé sur les réseaux sociaux invitant à créer des émeutes à Bruxelles, en écho aux événements en France. »
Le quotidien autrichien Der Standard rapporte que « Le président Macron envoie chaque nuit de plus en plus de forces anti-émeute dans les banlieues », et conclut que « La situation ne s’annonce pas bonne ». De nombreux journaux étrangers se posent la question : Emmanuel Macron va-t-il décréter l’état d’urgence alors que la France « est sur le point d’exploser » selon l’expression du quotidien italien Repubblica.
Le « paradoxe » français
Dans le même esprit, le New York Times décrit la situation comme un « défi » pour Emmanuel Macron, en dépit de l’amélioration de l’économie française. Le quotidien américain souligne que la mort de George Floyd, un Afro-Américain tué par un policier blanc à Minneapolis en 2020, « a laissé une empreinte profonde en France ».
Pour le quotidien américain, le président français rencontre un véritable « dilemme » et met en lumière un paradoxe : ces émeutes surviennent alors que l’économie française se porte bien, avec une croissance solide et un taux de chômage historiquement bas. Cependant, le New York Times souligne que « La France, plus que n’importe quel autre pays occidental, est divisée entre ses habitants des centres urbains qui bénéficient de la croissance économique et les banlieues pauvres, multiculturelles, où les écoles manquent de moyens et les opportunités sont limitées ».
« Et pendant ce temps… »
La plateforme de médias russe Smotrim souligne que « l’ampleur des émeutes » a déjà « dépassé toutes celles des dernières années », et pointe du doigt le fait qu’Emmanuel Macron et son épouse ont assisté à un concert d’Elton John à Paris alors que le pays était en proie à ces événements.
D’autres publications véhiculent de fausses informations, comme celle affirmant que « Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, des sirènes d’alarme retentissent en France », ce qui est inexact.
Vendredi, la Norvège a conseillé à ses ressortissants en France d’éviter tout rassemblement de foule. »Il y a eu ces derniers jours des émeutes dans plusieurs endroits en France, y compris à Paris », explique le ministère norvégien des Affaires étrangères dans un SMS envoyé à ses ressortissants enregistrés sur l’application du gouvernement. « Les voyageurs norvégiens sont invités à prendre toutes les précautions nécessaires, de même qu’à se tenir à l’écart des grands rassemblements de foule et des manifestations », ajoute-t-il.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, les forces de l’ordre ont procédé à 875 arrestations, selon le ministère de l’Intérieur.