Depuis leur sortie en salles le 19 juillet, les deux films ont généré ensemble un total impressionnant de plus de 235 millions de revenus en un simple week-end. C’est un succès sans précédent depuis l’apparition de la pandémie.
La célèbre poupée Barbie ou le créateur de l’arme nucléaire la plus destructrice de la planète ? Quoi qu’il en soit, les deux productions cinématographiques les plus attendues de la saison estivale n’ont pas déçu aux États-Unis : le film basé sur la poupée Barbie, accompagné d’une campagne de promotion agressive, a généré les meilleures recettes de l’été 2023 avec 155 millions de dollars rapportés en un weekend. Il a devancé de loin la dernière réalisation de Christopher Nolan (Inception, Dunkerque, Interstellar), Oppenheimer, (80,5 millions), un film biographique sur l’homme à l’origine de la bombe atomique.
« Un weekend mémorable » pour l’industrie du cinéma
Ces chiffres, fournis par les agences Exhibitor Relations et Comcost, devraient permettre aux cinémas des États Unis et du Canada de réaliser leurs meilleures recettes (environ 300 millions de dollars) pour un weekend depuis l’arrivée de la pandémie de Covid-19, qui a lourdement affecté le secteur.
« Ce weekend prouve de façon indéniable qu’il n’y a rien de mieux que de voir un film au cinéma », a déclaré Michael O’Leary, le président de la National Association of Theatre Owners (NATO), y voyant un « week-end véritablement historique » pour l’industrie du cinéma, accablée par la concurrence du streaming en ligne.
En dépit de leur nature radicalement opposée, ces deux films étaient très attendus. D’un côté, le long-métrage de Greta Gerwig Barbie et son armée de fans habillés de rose lors des projections et, de l’autre, Oppenheimer, le portrait complexe du physicien américain Robert Oppenheimer (1904-1967), créateur de la bombe atomique et interprété par Cillian Murphy (Le vent se lève, Inception, Peaky Blinders).
L’effet « Barbenheimer »
En dépit de la grève des acteurs et scénaristes à Hollywood, la sortie de ces deux films a suscité un engouement général : le phénomène « Barbenheimer » a même fait le buzz sur les réseaux sociaux. D’après la NATO, plus de 200 000 personnes souhaitaient aller voir Barbie et Oppenheimer le même jour pendant le weekend du 23-22 juillet.
J’ai remarqué que certaines personnes voulaient faire la même chose et cela m’a amusé, confiait Emma McNealy, une responsable de comptes de 35 ans vivant dans le Colorado, à l’AFP. « Je suis certaine que j’aurais fini par regarder Oppenheimer, mais pas dès le premier weekend de sa sortie. » « Je pense que beaucoup de femmes sont ravies qu’une Barbie ait une histoire plus complexe, qu’elle ne soit pas seulement une poupée nappée de sucre », a ajouté la jeune femme.
Un démarrage plus fort qu’Avatar et Mario Bros
Grâce à une campagne marketing soutenue du fabricant de jouets Mattel et de Warner Bros, la dernière comédie de la réalisatrice de Lady Bird a obtenu un démarrage en salle plus impressionnant que le film Super Mario, basé sur le célèbre personnage de jeu vidéo (146 millions début avril) ou que la suite du film Avatar de James Cameron (Avatar : la voie de l’eau, 134 millions en décembre 2022).
Dans une interprétation pop et sarcastique, où le rose et les paillettes sont à comprendre au second degré, Barbie, incarnée par Margot Robbie – et Ryan Gosling dans le rôle de Ken – doit renoncer à ses talons aiguilles pour des sandales Birkenstock et quitter son monde parfait de Barbie Land pour découvrir le monde réel.
Pour David Gross, qui publie la newsletter spécialisée « FranchiseRE », ce lancement est un « record ». « Aucun film comique, quel qu’il soit, n’a jamais dépassé les 85,9 millions de dollars sur un weekend de sortie de trois jours », a-t-il déclaré.
Selon les sites spécialisés, c’est aussi le meilleur démarrage aux États-Unis et au Canada pour un film dirigé par une femme, devant Wonder Woman de Patty Jenkins (2017) et Captain Marvel, co-réalisé par Anna Boden et Ryan Fleck (2019). Produit par Universal Pictures, Oppenheimer a également fait un excellent démarrage pour un film de trois heures, avec 80,5 millions de recettes. Un « superbe démarrage » selon David Gross, pour qui « Barbie et Oppenheimer sont complémentaires » et qui rappelle : « Les spectateurs viennent en masse lorsqu’il y a de bons films ».
« Sound of Freedom » sur le podium
Sound of Freedom, un thriller controversé sur la traite des enfants, a pris la troisième place du box-office avec 20 millions de dollars, suivi de près par Mission Impossible : Dead Reckoning (19,5 millions) et Indiana Jones et le cadran de la destinée (6,7 millions).
Malgré une progression notable, les cinémas nord-américains n’ont pas encore rattrapé le manque à gagner dû à la pandémie : d’après les données de Comcost, entre le 1er janvier et le 23 juillet, ils ont collecté 5,3 milliards de dollars en 2023, contre 4,6 milliards en 2022. En 2019, le chiffre atteignait 6,6 milliards de dollars.